Le collège de Saint-Maurice perd ses soutanes, mais pas ses crucifix

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ValaisLe collège de Saint-Maurice perd ses soutanes, mais pas ses crucifix

Suite aux révélation d'abus sexuels par le passé, le canton décide de laïciser l'établissement. Mais pas trop.

Eric Felley
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Eric Felley
Dès la rentrée 2020-2021, le Collège de l'Abbaye de Saint-Maurice est déjà géré par le canton.

Dès la rentrée 2020-2021, le Collège de l'Abbaye de Saint-Maurice est déjà géré par le canton.

Collège de l'Abbaye de St-Maurice

Le collège de Saint-Maurice perd son Abbaye ou est-ce l'Abbaye qui perd son collège ? Mercredi, le canton du Valais a décidé de faire un pas supplémentaire vers la laïcisation du vénérable collège fondé en 1806. Après avoir racheté ses murs en 2020, il a décidé de rebaptiser l'établissement Lycée-collège de Saint-Maurice, à l'instar du Lycée-collège de la Planta à Sion.

Une «ligne limpide»

Le chef de la formation valaisanne, Christophe Darbellay a précisé mercredi devant les médias qu'il s'agissait de «tracer une ligne limpide entre l'abbaye et le collège». Une ligne limpide, mais pas infranchissable, puisque le recteur, le chanoine Alexandre Ineichen, va retrouver son poste lundi prochain. Il s'était mis en retrait à la suite de l'émission de «Mise au Point» du 19 novembre dernier sur la RTS, concernant les abus sexuels commis au fil des ans dans le périmètre du collège et de l'abbaye.

Vers «une nouvelle ère»

Un groupe de travail, dirigé par l’ancienne conseillère d’Etat neuchâteloise Monika Maire-Hefti, avait été mandaté pour étudier les liens entre les deux institutions. Mercredi, elle s'est félicitée du changement de nom: «Une marque de reconnaissance forte envers les victimes des chanoines». Elle a ajouté: «La transition vers une laïcisation totale du collège est essentielle et obligatoire (...) Tout en respectant son rayonnement et sans vouloir détruire le passé prestigieux de ce lieu, nous devons aujourd’hui accompagner le collège vers une nouvelle ère».

Plus de soutane dans les couloirs

Dans cette affaire, Christophe Darbellay marchait sur des œufs, car une pétition de 1600 signatures, portée par les milieux conservateurs, était parvenue au canton afin de défendre le caractère religieux du collège. Le chef de la formation valaisanne a fait des concessions. Les chanoines ne pourront plus enseigner en soutane, certes, mais ils pourront toujours porter un «signe religieux discret». Par ailleurs, les crucifix pourront rester dans les classes et les sorties organisées par le collège continueront d'avoir lieu dans les hospices du Grand Saint-Bernard ou du Simplon, mais devront être organisées par des laïcs.

Concurrence avec Aigle

Le canton et l'Abbaye ont donc trouvé un subtil équilibre établi dans une convention. Alexandre Ineichen sera le dernier recteur chanoine de l'histoire du collège. Christophe Darbellay estime que c'est la meilleure façon de positionner l'établissement bas-valaisan pour l'avenir: «Avec l’arrivée prochaine du gymnase du Chablais en construction à Aigle et la liberté du choix du lieu de formation, Saint-Maurice doit rester un lieu d’excellence, dans le respect de toutes les sensibilités et toutes les convictions».

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