Dérapages à répétition du groupe Canal: Bolloré et Hanouna doivent s'expliquer

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MédiasDérapages à répétition du groupe Canal: Bolloré et Hanouna doivent s'expliquer

Le milliardaire et son principal employé doivent comparaître ces mercredi et jeudi devant une commission de l’Assemblée nationale.

Vincent Bolloré et Cyril Hanouna doivent s'expliquer devant une commission de l'Assemblée nationale.

Vincent Bolloré et Cyril Hanouna doivent s'expliquer devant une commission de l'Assemblée nationale.

AFP

La commission d’enquête parlementaire sur l’attribution des fréquences télé vit deux journées brûlantes avec l’audition mercredi du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, qui contrôle le groupe Canal+, puis celle, jeudi, de son employé le plus controversé, l’animateur Cyril Hanouna.

M. Bolloré sera entendu à 15h à l’Assemblée nationale par cette commission lancée par les députés LFI.

Parole rare

Son audition est très attendue car ses prises de parole publiques sont rares: la dernière remonte à janvier 2022 devant une autre commission d’enquête, celle du Sénat sur la concentration des médias.

Il avait alors esquivé les questions sur son rôle politique, qui se posent avec encore plus d’acuité deux ans plus tard.

Complice de l'extrême droite

CNews, l’une des chaînes du groupe Canal+, est régulièrement accusée par des personnalités de gauche de promouvoir des opinions d’extrême droite, ce qu’elle conteste.

Après un recours de RSF (Reporters sans frontières), le Conseil d’Etat a demandé mi-février à l’Arcom,le régulateur de l’audiovisuel, de renforcer son contrôle de CNews, et par ricochet de toutes les télévisions et radios.

L’interventionnisme supposé de M. Bolloré sur les chaînes qu’il contrôle sera au cœur des questions que lui poseront les députés.

Tous les jours au téléphone

Le 29 février, lors de l’audition des responsables de Canal+, le directeur de CNews, Serge Nedjar, avait assuré n’avoir «jamais subi aucune pression» du milliardaire.

Mais il avait concédé l’avoir au téléphone «pratiquement quotidiennement ou tous les deux jours pour parler des audiences», au beau fixe.

Le même jour, la commission avait également reçu les vedettes de CNews, Pascal Praud, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk, avec qui les échanges avaient été tendus.

Procès en partialité

L’audition de M. Bolloré a lieu deux semaines après le lancement par l’Arcom du processus de renouvellement de 15 fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Cette procédure va déterminer quelles chaînes auront le droit d’émettre en France en 2025.

La question sensible est de savoir si CNews et C8, une autre chaîne du groupe Canal+, garderont leur fréquence après de nombreux rappels à l’ordre du régulateur.

Hanouna, le bras armé

Après M. Bolloré, la commission entendra Cyril Hanouna, jeudi à 14h.

Ses émissions, à commencer par la principale, «Touche pas à mon poste!», ont valu ces dernières années à C8 une pluie de sanctions de l’Arcom, pour un total de 7,5 millions d’euros d’amendes.

Les «débordements» d'Hanouna sont «un risque» assumé, avait affirmé le PDG de Canal+, Maxime Saada, le 29 février. Yannick Bolloré, à la tête du conseil de surveillance de Vivendi, avait tenu lundi des propos allant dans le même sens, évoquant «les risques du direct».

Menaces feutrées

Dimanche sur le réseau social X, M. Hanouna a promis «une émission spéciale sur le débrief intégral» de son audition. Il avait déjà fait de même après celles du 29 février, en dénonçant «un tribunal politique».

«Vous devriez débriefer l’audition de Vincent Bolloré qui aura lieu la veille. Je suis sûr qu’elle intéressera davantage le public», a répliqué sur le même réseau le rapporteur LFI de la commission, Aurélien Saintoul.

Au lendemain des auditions tendues du 29 février, le député avait accusé les chaînes du groupe Canal+ de vivre de l’abus et du contournement des règles.

L'extrême droite s'émeut

Ces auditions avaient suscité des critiques à droite et à l’extrême droite, Eric Ciotti (LR) et Marine Le Pen (RN) notamment reprochant à la commission d’être partiale.

«J’espère que je suis partial. Je ne suis pas juge, ça n’est pas une instruction judiciaire qu’on est en train de mener, c’est une commission d’enquête parlementaire», avait rétorqué M. Saintoul, selon qui les travaux reposent sur la pluralité des «points de vue».

La commission est présidée par le député Renaissance Quentin Bataillon.

(afp)

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