CaricatureLa dessinatrice française Coco menacée de mort pour un dessin sur Gaza
Suite à la publication du dessin dans «Libération», un florilège d'insultes déferle sur Coco. La dessinatrice vit sous protection rapprochée depuis l'attentat de «Charlie Hebdo».
Tombereau d’insultes, menaces de mort... La dessinatrice française Coco, survivante de la tuerie au journal satirique «Charlie Hebdo» à Paris en 2015, a dénoncé mardi les violentes attaques la ciblant depuis la publication la veille dans le journal «Libération» d’une caricature sur la famine à Gaza.
Le dessin mis en cause, sous la vignette «Ramadan à Gaza» et la légende «début d’un mois de jeûne», montre un Gazaoui squelettique en train de courir après des rats, tandis qu’une femme lui frappe la main en lançant «T-t-t, pas avant le coucher du soleil», au milieu de ruines où l’on distingue la main d’un cadavre.
La caricature «souligne le désespoir des Palestiniens, dénonce la famine à Gaza», bombardée sans relâche par l’armée israélienne et où l’ONU redoute une famine généralisée, «et moque aussi l’absurdité de la religion», a fait valoir Coco mardi sur X.
Elle y a publié un «petit florilège» des menaces de mort la visant elle et sa famille, ainsi que les messages antisémites reçus depuis sa publication.
«Vous n’aurez pas notre haine mais vous la méritez», a notamment commenté sur X la députée La France insoumise (LFI, gauche radicale) Sophia Chikirou, en réaction au dessin, jugé «tout bonnement immonde» par une autre députée LFI, Sarah Legrain.
Sur le même réseau, un internaute lui lance, en anglais, «cours, cours pute... Tu seras abattue bientôt. Toute la famille morte». «Ils auraient dû te liquider le 7 janvier», abonde un autre, en référence à l’attentat qui a décimé la rédaction de «Charlie Hebdo» en 2015.
La dessinatrice, qui a rejoint «Libération» en 2021 et vit sous protection rapprochée, a reçu le soutien du quotidien de gauche.
«Nous condamnons, nous dénonçons avec force cette vague de menaces, injures et intimidations, certaines comprenant des menaces de mort que nous prenons très au sérieux», a déclaré à l’AFP Dov Alfon, le directeur de la rédaction de «Libération», annonçant un communiqué de «soutien et de solidarité» dans l’édition de mercredi.
«Cette violence ne doit pas être banalisée», a insisté M. Alfon, sans se prononcer sur d’éventuelles plaintes.
Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a également apporté son «plein soutien» à Coco sur X. «Pour toujours à tes côtés, et aux côtés de Charlie», a-t-il ajouté.