«The Gentlemen»: thé, beuh et héritage

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Série«The Gentlemen»: thé, beuh et héritage

Guy Ritchie, réalisateur du film homonyme, supervise une série Netflix qui ne manque pas d'impertinence.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet
Eddie Horniman (Theo James) une tasse de thé à la main. De militaire au grand cœur à héritier du domaine, il n'y avait qu'un pas.

Eddie Horniman (Theo James) une tasse de thé à la main. De militaire au grand cœur à héritier du domaine, il n'y avait qu'un pas.

Netflix

«The Gentlemen» de Guy Ritchie, le long-métrage millésime 2020, narre l'histoire de Mickey Pearson (Matthew McConaughey) au Royaume-Uni. Le gaillard a poussé à son plus haut degré de perfection l'art de cultiver son cannabis sous le terrain des vastes propriétés de Lord anglais complices. Au début du film, plein aux as, il songe à prendre sa retraite.

«The Gentlemen», la série Netflix supervisée par Guy Ritchie, millésime 2024, narre l'histoire d'Eddie Horniman (Theo James). Ce dernier hérite de manière inattendue du vaste domaine paternel. Il ne tarde pas à découvrir que son père arrondissait méchamment ses fins de mois en laissant un prospère trafiquant, cultivateur de marijuana, exploiter le sous-sol qui jouxte le manoir.

Les points communs entre ces deux «gentlemen»? Le film et la série sont pourvus du même timonier (Ritchie a réalisé le film et les deux premiers épisodes de la série), les deux tournent aussi autour du même dispositif: de la beuh au sang bleu. Le film est doté d'une distribution prestigieuse (outre Matthew McConaughey, on relève la présence de Charlie Hunnam, de Collin Farrel et d'Hugh Grant), la série est un peu plus sobre côté interprétation, mais conserve avec un esprit tordu similaire.

La fille du trafiquant (Kaya Scodelario) et associée de fait à Eddie est d'un pragmatisme redoutable.

La fille du trafiquant (Kaya Scodelario) et associée de fait à Eddie est d'un pragmatisme redoutable.

Christopher Rafael/Netflix

Elle est bâtie autour de la présence de Theo James, sa grâce l'héritier, de Kaya Scodelario, la fille pragmatique du trafiquant, de Vinnie Jones, un fidèle de la famille et régulier de l'écurie Ritchie, ainsi que de Daniel Ings, un frère aîné autodestructeur et embarrassant. Les deux œuvres sont aussi bourrés d'humour, traversées par des pointes de violences et restent joyeusement amorales.

Pour tout dire, on préfère toujours le film (hanté que nous sommes par le souvenir d'un Hugh Grant génialissime), mais on confesse avoir pris un grand plaisir à la vision des huit épisodes qui composent cette saison. La mise en place est d'abord un modèle d'efficacité. Quelques scènes suffisent et on sait qui fait quoi, quels sont les enjeux, quels sont les problèmes potentiels à surmonter. Si seulement toutes les fictions de pur divertissement pouvaient emprunter les mêmes brillants raccourcis.

Quelques pioches dans le patrimoine

Par la suite, les épisodes s'enchaînent et tiennent la route jusqu'à la conclusion de l'arc narratif principal. On ne dit pas que, parfois, Guy Ritchie se repose sur ses lauriers. Lorsque sa grâce l'héritier doit composer avec des gens du voyage, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a redite et que le cinéaste s'en sortait mieux dans «Snatch», avec Brad Pitt en chef de famille au génial charabia. Dans certaines autres circonstances, on a eu aussi le sentiment que Guy Richtie piochait de façon un poil lourdingue dans son patrimoine anglais passé.

Pas de quoi cependant trop ternir le tableau. On n'échangerait aucun de ces «gentlemen» contre une douzaine d'«Argylle», même au prix bradé.

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