L'ère Rösti: du béton, des bagnoles et de l'atome

Lundi, le Conseil national a traité de la révision de la loi sur l'environnement. La majorité bourgeoise du Parlement veut affaiblir la protection des habitants contre le bruit pour promouvoir la construction de logements, assouplir les autorisations de construire et densifier l'habitat. Chef de l'aménagement du territoire, Albert Rösti a rappelé qu'un plan d'action dans ce sens contenait une trentaine de mesures.

Par exemple, il a été décidé lundi qu'un permis de construire pourra être délivré si le logement dispose «d'au moins une chambre avec une fenêtre respectant les valeurs limites du bruit, moyennant une ventilation contrôlée de l'habitat ou un jardin extérieur privé au calme». C'est peu et on n'a pas trop envie d'y habiter...

La semaine dernière, Albert Rösti a pris bonne note de la volonté des deux Chambres fédérales d'assouplir la Lex Weber pour permettre aux propriétaires dans les communes à fort taux de résidences secondaires (+ 20%) d'agrandir de manière plus substantielle leurs anciens logements. Ils pourront ainsi en créer de nouveaux sans limiter leur utilisation. La loi devrait être modifiée dans ce sens.

La semaine dernière, Albert Rösti a pris acte aussi de la décision des États visant à maintenir les zones à 50 km/h dans les axes de transit à l'intérieur des localités et lutter contre les zones à 30 km/h. Le National en a décidé de même lundi. Pour le Bernois, ces décisions vont forcément dans le bon sens, même s'il affirme qu'elles ne changeront pas grand-chose à la pratique. Les parlementaires savent qu'il est du côté des automobilistes. Preuve en est sa rapidité à vouloir faire avancer l'élargissement de l'autoroute A1 à six voies, sur les tronçons Berne-Zurich et Lausanne-Genève.

Enfin, dans la politique énergétique, le Conseil des États a accepté la semaine dernière un postulat qui doit étudier les conditions d'un retour du nucléaire dans le mix énergétique suisse. Là aussi, Albert Rösti affiche son soutien prudemment, sachant bien que la construction de nouvelles installations nucléaires prendra beaucoup de temps. Mais pour les pronucléaires, c'est un marché prometteur qui s'ouvre déjà.

Du béton, des bagnoles et de l'atome, c'est un peu la nouvelle ambiance «vintage» à Berne avec le ministre UDC bernois. Sans oublier la régulation manu militari des loups. Par rapport aux époques de Doris Leuthard (2010-2018) et de Simonetta Sommaruga (2019-2022), le changement de cap de son département (DETEC) est brutal. Mais il répond pleinement aux attentes de la droite et, encore davantage, aux craintes de la gauche rose-verte. 

À la suite des élections d'octobre dernier, le camp bourgeois est bien installé dans les deux Chambres, plus homogène que lors de la dernière législature. Durant cette session de printemps, la droite montre que c'est elle qui commande, un point c'est tout. Sa défaite du 3 mars a encore crispé ses décisions. Mais, comme l'a justement montré la votation en faveur de la 13ᵉ rente AVS, le peuple demeure imprévisible face à trop d'arrogance.