CinémaJohn Cena nu et autres faits saillants des Oscars
L'acteur et catcheur a créé la surprise sur scène dimanche, tandis que Ryan Gosling a enflammé le public en interprétant «I’m just Ken».
Au-delà du triomphe d’«Oppenheimer», la 96e cérémonie des Oscars a aussi offert dimanche une série de moments graves ou décalés, entre plaisanteries sur Donald Trump, évocation de la guerre à Gaza et l’incontournable «Barbie».
«Barbie» a quand même eu son moment
«Oppenheimer» a raflé sept statuettes mais la cérémonie a mis en valeur l’autre incontournable succès du box-office 2023, «Barbie». Moment promis et très attendu de la soirée, Ryan Gosling a interprété, en costume rose à paillettes, un flamboyant «I’m just Ken», extrait de la bande son et chanson narcissique qui se moque en creux de la masculinité toxique.
Et c’est un autre titre du film, «What Was I Made For?» de Billie Eilish et son frère Finneas O’Connell, qui a reçu l’Oscar de la meilleure chanson originale. Avec cette ballade au piano, interprétée dimanche par Billie Eilish d’une voix délibérément fragile, presque un murmure, ils avaient déjà remporté le Grammy Award de la meilleure chanson de l’année. Et c’est déjà leur deuxième Oscar, après «No Time to Die» du film éponyme de la série James Bond (2022).
Quand Jimmy Kimmel se paye Donald Trump
L’animateur de la soirée Jimmy Kimmel a parsemé la cérémonie de plaisanteries bien senties, moquant par exemple l’Académie pour l’absence critiquée de Greta Gerwig («Barbie»») parmi les nommés pour l’Oscar du meilleur réalisateur. «Vous applaudissez, mais c’est vous qui n’avez pas voté pour elle», a-t-il lancé au gratin de Hollywood.
Kimmel s’est aussi amusé à lire un message que le très probable candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, venait de publier sur son réseau Truth social pour fustiger le présentateur, «une personne inférieure à la moyenne». Dans une Amérique très polarisée, Hollywood est généralement vu comme trop progressiste par les conservateurs. «Merci, président Trump. Je suis surpris que vous soyez toujours là, ce n’est pas l’heure d’aller en prison?», a rétorqué Jimmy Kimmel en fin de cérémonie, dans un jeu de mots alliant les déboires judiciaires de Trump et le fait d’aller se coucher vu l’heure tardive.
Un catcheur nu pour l’Oscar des meilleurs costumes
Parmi les moments loufoques de la soirée, le catcheur et acteur John Cena s’est présenté nu, les muscles saillants et abondants, et en sandales, pour remettre l’Oscar des meilleurs costumes. Il cachait les parties les plus intimes de son anatomie avec l’enveloppe contenant le nom du vainqueur, avant de revêtir une toge pour décerner la récompense à «Pauvres créatures».
Scorsese encore les mains vides
Nommé pour 10 Oscars, le thriller historique de Martin Scorsese «Killers of the Flower Moon», sur les meurtres silencieux dans les années 1920 de membres de la tribu Osage, riche en pétrole, repart les mains vides. C’est devenu une habitude pour le réalisateur de 81 ans, qui n’a pourtant plus rien à prouver. Il avait déjà vécu ce scénario avec «The Irishman» et «Gangs of New York».
Le film a au moins eu droit à une bonne plaisanterie de Jimmy Kimmel, qui a ironisé sur sa durée, plus de 3 h2 0: «Le temps de regarder le film, vous pourriez faire la route jusqu’en Oklahoma et résoudre les meurtres vous-mêmes».
Gaza, l’Ukraine et Navalny
La soirée s’est faite plus grave quand le réalisateur juif britannique Jonathan Glazer, vainqueur de l’Oscar du meilleur film étranger pour «La Zone d’Intérêt», sur l’horreur de l’Holocauste, a livré en quelques mots un plaidoyer contre l’occupation israélienne des Territoires palestiniens. «Nous refusons que notre judéité et l’Holocauste soient détournés pour une occupation qui a causé tant de souffrances pour tant d’innocents», a-t-il lancé. «Que ce soient les victimes en Israël le 7 octobre, ou l’attaque en cours à Gaza, ce sont toutes des victimes d’une déshumanisation», thème de son film, a-t-il ajouté. Plus discrètement, certaines vedettes, comme Mark Ruffalo ou Billie Eilish arboraient un badge rouge appelant à un cessez-le-feu à Gaza.
Puis c’est «20 jours à Marioupol», film sur le siège de la ville ukrainienne lors de l’invasion russe, qui a remporté l’Oscar du meilleur documentaire. «Je suis probablement le premier réalisateur sur cette scène à dire que j’aurais préféré ne jamais faire ce film, si en échange la Russie n’avait pas attaqué l’Ukraine, ni occupé nos villes», a lancé le journaliste de l’Associated Press Mstyslav Chernov.
Quant au traditionnel hommage aux stars disparues, il a commencé par Alexeï Navalny. L’opposant No 1 à Vladimir Poutine, mort le 16 février en détention en Sibérie, était au centre du film «Navalny», vainqueur en 2023 de l’Oscar du meilleur documentaire.