Hôpital de BerneLes hommes répondent plus fort au Covid que les femmes
Les symptômes lors de l'infection sont plus prononcés chez les hommes, d'où peut-être cette mortalité plus grande.
- par
- Michel Pralong
La mortalité due au Covid-19 a été plus élevée chez les hommes que chez les femmes, en Suisse également. Les hommes contaminés étaient globalement près de trois fois plus susceptibles que les femmes d'être admis dans une unité de traitement intensif. Mais les explications de ce phénomène manquent.
Pour tenter d'en savoir plus, Lorenz Risch et son équipe à l’Université privée de la Principauté du Liechtenstein (UFL) et à l’Hôpital de l’Île à Berne ont placé un dispositif médical portable sur 1163 participants, dont l'âge moyen était de 44 ans. Le panel était composé à 57 de femmes. L'appareil permet de mesurer la fréquence respiratoire, la fréquence cardiaque, la variabilité de cette dernière et la température cutanée du poignet. Les participants ont signalé leurs symptômes quotidiens et les facteurs confondants dans une application complémentaire.
Fréquences respiratoires et cardiaques plus élevées
Au cours de la période d’étude, 127 participants ont contracté le Covid. Plus de 1,5 million d’heures de données physiologiques ont été enregistrées. «Au cours de la période symptomatique de l’infection, les hommes ont présenté des augmentations plus importantes de la température cutanée, de la fréquence respiratoire et de la fréquence cardiaque, ainsi que des diminutions plus importantes de la variabilité de la fréquence cardiaque que les femmes, peut-on lire dans l'étude parue le 6 mars dans «Plos One».
De plus, la fréquence respiratoire et la fréquence cardiaque des participants masculins sont restées à des niveaux significativement plus élevés pendant la période de récupération par rapport aux femmes. Il s'agit là de l'une des premières études de cohorte prospectives s’appuyant sur la technologie des capteurs portables et elle fournit des preuves de réponses physiologiques au Covid différentes selon le sexe. Reste à comprendre pourquoi.
Selon les auteurs, «les différences entre les sexes dans les signaux physiologiques mesurés pourraient être en partie dues à l’impact hormonal». Mais des travaux antérieurs ont surtout observé une réponse plus faible des lymphocytes T chez les hommes, qui était associée à une progression plus grave de la maladie. Ces lymphocytes T sont des cellules tueuses qui attaquent les virus et sont donc essentielles dans nos réponses immunitaires.
Des mécanismes immunologiques différents
Des niveaux plus élevés de plusieurs chimiokines et cytokines pro-inflammatoires de l’immunité innée ont également été mesurées chez les hommes par rapport aux femmes. La phase précoce de la maladie est donc associée à des différences clés entre les sexes dans les mécanismes immunologiques pouvant expliquer la progression différente de la maladie entre les femmes et les hommes.
«Ces résultats soulignent l’importance de prendre en compte le sexe dans le traitement médical et les soins des patients atteints de Covid, concluent les auteurs. La technologie portable, (comme le capteur mis en place) capable de fournir un historique fiable des mesures, peut donner aux cliniciens des informations inestimables sur la santé de chaque patient, permettant ainsi des interventions plus personnalisées et plus rapides, prometteuses pour de meilleurs résultats pour les patients dans la lutte contre le Covid-19 et au-delà.»