MusiqueAu procès des manuscrits d’«Hotel California»: abandon des poursuites
L’accusation fait volte-face et abandonne les poursuites contre trois prévenus.
Les procureurs new-yorkais ont fait volte-face et abandonné les poursuites mercredi contre trois prévenus accusés du recel de manuscrits de la célèbre chanson «Hotel California» des Eagles, une volte-face qui a mis fin au procès.
C’est une fin abrupte et inattendue dans cette affaire tortueuse, qui remonte à la fin des années 1970, et avait vu l’un des fondateurs du groupe de rock californien, son chanteur et batteur Don Henley, témoigner à la barre pour se présenter comme la victime d’une «extorsion».
«La confiance de l’accusation dans la solidité de ce dossier n’est pas suffisante», a lancé, à l’ouverture de l’audience mercredi, et en plein milieu du procès, l’un des procureurs du parquet local de Manhattan, Aaron Ginandes.
«Les décisions prises par les témoins pendant le procès d’invoquer puis de renoncer au droit au secret des correspondances avec leur avocat, ont abouti au versement tardif d’environ 6 000 pages de documents» que la défense n’a pas pu exploiter, a ajouté le procureur.
«Manipulation»
Le juge Curtis Farber, qui présidait le procès, a vivement critiqué l’attitude de Don Henley.
«Un examen de ces pièces montre et souligne que M. Henley et M. (Irving) Azoff», le manager des Eagles, «ont utilisé leur droit (au secret) pour se protéger d’un contre-interrogatoire approfondi et complet», a-t-il affirmé.
Selon le magistrat, témoins et avocat «ont utilisé ce droit pour obscurcir et cacher des informations qu’ils croyaient préjudiciables à leur position selon laquelle les manuscrits avaient été volés». D’après le juge, les procureurs ont été «apparemment manipulés».
L’un des avocats de Don Henley, Dan Petrocelli, a au contraire réaffirmé à plusieurs médias américains que son client était «une victime de l’affaire» et de «ce développement injuste», et qu’il ferait «valoir ses droits devant les juridictions civiles».
Le 26 février, Don Henley, 76 ans, seul fondateur toujours actif au sein du groupe de rock, était venu au tribunal pour assurer que la centaine de pages griffonnées au cœur du dossier, c’était «le produit de notre travail», «les choses stupides qu’on écrivait» avant d’aboutir à l’œuvre définitive et qu’»elles n’étaient pas destinées à être vues», ni vendues.
Face à lui, trois prévenus, dont un ancien conservateur du musée du Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland (Ohio), Craig Inciardi, un marchand de livres rares, Glenn Horowitz, et une troisième personne gravitant dans le milieu des collectionneurs, Edward Kosinski, étaient accusés d’avoir acquis puis tenté de revendre les manuscrits aux enchères, alors qu’ils connaissaient leur origine douteuse.
Biographie
L’affaire remonte à la fin des années 1970. Le groupe de rock The Eagles est au sommet de sa gloire, après la sortie de sa première compilation, «Their Greatest Hits (1971–1975)» puis de l’album «Hotel California» (1976), deux des trois disques les plus vendus de tous les temps aux États-Unis avec «Thriller» de Michael Jackson.
Ed Sanders, un auteur touche-à-tout, poète, militant et musicien, est engagé pour écrire une biographie du groupe. Il se voit confier des notes manuscrites qui ont servi à écrire les paroles de plusieurs chansons, dont le tube planétaire «Hotel California». La biographie ne sortira jamais et Sanders ne restituera jamais les écrits. Un vol pour Don Henley. Pas pour la défense.
D’après le parquet de Manhattan, les pages avaient ensuite été vendues en 2005 à Glenn Horowitz, un marchand de livres rares, qui les avait ensuite cédées à Craig Inciardi et à Edward Kosinski.
Don Henley les avait vues revenir lors de ventes aux enchères dans les années 2010.
D’après l’accusation, la valeur des manuscrits s’élevait, au moment de l’inculpation des prévenus en 2022, à plus d’un million de dollars.