Une thérapie contre le cancer testée en première mondiale aux HUG

Publié

MédecineUne thérapie contre le cancer testée en première mondiale aux HUG

Des patients sont recrutés pour traiter des cancers du cerveau, du pancréas et de l'œsophage en irradiant les tumeurs.

Comm/M.P.
par
Comm/M.P.
En exploitant la puissance des atomes radioactifs et en l’appliquant aux cancers avancés grâce à la thérapie par radioligands, les RLT sont capables de délivrer un rayonnement aux cellules cibles n’importe où dans le corps.

En exploitant la puissance des atomes radioactifs et en l’appliquant aux cancers avancés grâce à la thérapie par radioligands, les RLT sont capables de délivrer un rayonnement aux cellules cibles n’importe où dans le corps.

Novartis

Une équipe multidisciplinaire des HUG lance une étude sur une thérapie innovante par radioligands (RLT) pour guérir des cancers difficiles à traiter, tels que le glioblastome (un cancer qui se développe dans le cerveau ou la moelle épinière), les tumeurs de l’œsophage ou du pancréas à des stades avancées.

La RLT est une approche issue de la médecine nucléaire qui détruit une tumeur maligne par irradiation ciblée. Sa spécificité consiste à utiliser un élément radioactif inclus dans un composé chimique conçu pour se lier spécifiquement aux intégrines, des récepteurs surexprimés dans les tumeurs.

Évaluer la sécurité et le dosage

Cette étude clinique de phase 1 évalue la sécurité et le dosage adapté du radioligand. Le recrutement des premiers patients et patientes est en cours pour évaluer cette nouvelle approche porteuse d’espoir dans la lutte contre le cancer. L’étude est consultable en suivant ce lien.

Le glioblastome est le cancer cérébral le plus répandu chez l’adulte, il touche environ 5 personnes sur 100'000 chaque année. Il résulte de la croissance anormale de cellules du système nerveux central, appelées astrocytes, un type de cellule gliale. La durée médiane de survie est de 15 mois.

Tout aussi dévastateurs, les cancers du pancréas et de l’œsophage représentent, à eux deux, 3000 cas en Suisse chaque année. Au stade avancé, la durée de vie est d’un an, attestant du nombre limité de solutions thérapeutiques existantes.

Un espoir inédit

Les intégrines, des récepteurs de la matrice extracellulaire, participent à la migration, l’invasion, la prolifération et la survie des cellules. À ce titre, elles sont impliquées dans la formation et l’invasion des métastases de ces trois cancers particulièrement invasifs et pourraient constituer une cible idéale pour les traitements. «Ces pathologies sévères sont souvent associées à un pronostic sombre. Nous ouvrons une nouvelle voie et un espoir inédit avec ce nouveau radioligand qui cible les intégrines », explique la Pre Valentina Garibotto, médecin-cheffe du Service de médecine nucléaire et imagerie moléculaire des HUG et partie prenante de l’étude clinique pour l’hôpital universitaire.

Les radioligands sont des produits radiopharmaceutiques actuellement utilisés par la médecine nucléaire pour diagnostiquer ou traiter des cancers tels que le cancer de la thyroïde, les tumeurs neuroendocrines (TNE) ou encore le cancer de la prostate. Un radioligand se compose de trois éléments : le ligand, l’isotope radioactif et l’élément de liaison. Le ligand est un composé chimique conçu pour se lier spécifiquement à des cibles, telles que les récepteurs surexprimés dans les tumeurs, ce qui permet à l’isotope médical d’être délivré au sein même de la tumeur, en épargnant les tissus avoisinants.

Il y a deux grands groupes d’isotopes en médecine nucléaire, les isotopes diagnostiques et les isotopes thérapeutiques. L’isotope diagnostique émet des positrons qui permettront d’obtenir des images PET et de vérifier la fixation de la molécule au niveau de la tumeur. L’isotope thérapeutique émet des particules à haute énergie qui endommagent l’ADN des cellules de la tumeur et entraînent leur mort.

Des traitements bien tolérés

L’utilisation du même ligand pour le diagnostic et la thérapie, nommée théranostique, permet aux cliniciens d’identifier à l’avance les patients qui vont répondre à la thérapie de manière personnalisée. «Les traitements ciblés de radiothérapie sont en général bien tolérés, car ils réduisent autant que possible les conséquences des substances toxiques et préservent les cellules saines », précise Pre Valentina Garibotto. La RLT et la théranostique ont déjà fait leurs preuves pour traiter le cancer de la thyroïde et ont démontré leur efficacité contre les tumeurs neuroendocrines et le cancer de la prostate, après une chimiothérapie et une hormonothérapie.

Des patients suivis par le Dr Thibaud Kössler, médecin adjoint au Service d’oncologie des HUG et responsable de l’Unité des tumeurs digestives, et par le Pr Denis Migliorini, responsable de l’Unité de neuro-oncologie des HUG, ont été adressés à la Pre Valentina Garibotto et son équipe pour les premières administrations du composé. Le processus clinique, comprenant l’hospitalisation, les analyses biologiques et l’imagerie médicale, s’est parfaitement déroulé grâce à une excellente coordination de tous les services et professions impliqués au sein des HUG. Plusieurs autres molécules spécifiques pour d’autres cibles et indications sont aussi à l’étude.

Recrutement via les oncologues

Des administrations du radioligand ont eu lieu sans complication pour les premiers participants. Si une cohorte clinique de taille suffisante et des résultats positifs en découlent, il sera dès lors possible de passer aux étapes cliniques ultérieures de phase 2 et 3, afin de pouvoir évaluer l’efficacité du traitement. «Nous poursuivons le recrutement. Toute personne qui serait intéressée à avoir des informations sur cette approche thérapeutique peut en parler avec son oncologue qui établira des liens avec notre service aux HUG», informe la Pre Valentina Garibotto.

Ton opinion

1 commentaire