Bataille idéologiqueA Berne, le 50 km/h gagne une manche contre le 30 km/h
Après le National, le Conseil des États veut mieux «hiérarchiser» la vitesse sur les routes.
- par
- Eric Felley
Tout ce qui touche l'automobile revêt un caractère hautement sensible à Berne, pour ne pas dire idéologique. Ces dernières années, la prolifération des zones limitées à 30 km/h dans certaines villes, agglomérations ou villages, a suscité l'agacement des automobilistes. Cette polémique est remontée jusqu'aux Chambres fédérales, où le Conseil national a accepté en septembre dernier une motion de Peter Schilliger (PLR/LU).
Celle-ci constate que la multiplication des zones à 30 km/h s'est étendue «de manière chaotique dans de nombreuses villes et communes». Il faut donc y remettre de l'ordre. Elle veut modifier la loi fédérale sur la circulation routière afin que les limitations de vitesse de 50 km/h sur «les routes à orientation trafic à l'intérieur des localités» soient maintenues, «tout en prévoyant la possibilité de réduire cette limitation à 30 km/h sur les routes d'intérêt local».
«Cela ne changera rien à la pratique actuelle»
Ce mercredi, le Conseil des États accepté cette motion par 25 voix contre 15, contre l'avis d'Albert Rösti. «Le Conseil fédéral vous demande de rejeter la proposition, car, à son avis, elle ne change rien à la pratique actuelle», a déclaré le ministre. Et de préciser que les zones qui passent aujourd'hui à 30 km/h doivent être motivées pour des raisons de sécurité, de fluidité du trafic, de pollution ou de bruit.
Pour les opposants à la motion, Baptiste Hurni (PS/NE) a évoqué les intentions de l'auteur de la motion de faire revenir à 50 km/h des tronçons passé à 30 km/h. Le socialiste a reconnu «quelques problèmes pédagogiques autour des zones pour lesquelles la vitesse est limitée à 30 km/h. Simplement les repasser à 50 km/h ne serait pas de nature à améliorer ces problèmes pédagogiques».
Des décisions au niveau local
«La Confédération doit fixer les règles générales, a encore plaidé Baptiste Hurni, mais elle n'a pas, sur les circonstances locales, à s'ingérer et à commencer à dire que, dans ce village, dans cette ville, elle pense qu'on doit être à 50 km/h ou à 30 km/h. Ce sont les autorités politiques élues au niveau local qui doivent prendre ces décisions.»
Un signal contre la gauche
Mais les élus de droite avait décidé de voter en faveur du 50 km/h comme un signal contre cette gauche qui veut rouler à 30 km/h. C'est à Charles Juillard (C/JU) que revient la palme de l'argument ultime en faveur de la motion: «Je lis dans le rapport de la commission, sous l'égide de la minorité, qu'elle souligne que, même si les vitesses autorisées étaient inscrites dans la loi, cela ne changerait en rien la pratique actuelle dans les cantons et les communes. Mesdames et Messieurs, je ne vois donc pas ce qui nous empêcherait d'inscrire cela dans la loi».
La motion ayant été acceptée par les deux conseils, elle doit revenir devant les Chambres sous la forme d'une révision de la loi sur la circulation routière.
La déception de l'ATE
L'Association suisse transport en environnement (ATE) a réagi en qualifiant d'«incompréhensible» la décision du Conseil des États.