Vers un débat national sur les médicaments hors de prix

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Coûts de la santéVers un débat national sur les médicaments hors de prix

Le Conseil des États veut lancer la discussion sur ce qui est encore acceptable ou pas.

Eric Felley
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Eric Felley
Les traitements onéreux ne cessent d'alourdir les coûts de la santé en Suisse

Les traitements onéreux ne cessent d'alourdir les coûts de la santé en Suisse

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Les traitements dits «onéreux» demeurent un tabou en Suisse. Le prix de certains immunodépresseurs ou de traitements contre le cancer ont pris l'ascenseur ces dernières années d'une manière spectaculaire. L'année dernière, ils ont constitué la principale cause de l'augmentation des coûts de la santé.

Seuls les assureurs tirent la sonnette d'alarme. Dans son rapport 2022 sur les médicaments, Helsana constate que les 20 médicaments de la liste des spécialités, qui ont engendré les plus fortes dépenses, ont généré à eux seuls des coûts de 1,7 milliard de francs en douze mois. Ils représentent un cinquième des dépenses de tous les médicaments de l'assurance de base.

250'000 francs pour un traitement

Par exemple, l’apparition en 2021 sur le marché du produit combiné Trikafta® contre la mucoviscidose a généré un chiffre d’affaires de 39,2 millions de francs en dix mois. Pour un patient et pour une année, ce traitement coûte environ 250'000 francs. Ce médicament est soumis à ce qu'on appelle des «modèles de prix», qui assurent à l'industrie pharmaceutique la confidentialité sur la façon dont ils sont fixés.

Confidentiel…

Mardi, le Conseil des Etats a adopté tacitement un postulat qui veut «clarifier la prise en charge par l'assurance obligatoire des soins (AOS) des médicaments très onéreux». A cette occasion, Elisabeth Baume-Schneider a précisé: «La tarification des médicaments est actuellement compliquée par les prix très élevés pratiqués par l’industrie pharmaceutique. Ces prix sont basés sur les prix publiés à l'étranger. Il ne s’agit cependant pas des prix réellement payés, car ceux-ci sont traités de manière confidentielle».

Fixer des limites claires

Mais de la confidentialité à l'opacité, il n'y a qu'un pas. Au nom de la commission de la santé des Etats, Heidi Z'graggen (C/UR) a cité la Commission nationale d'éthique qui a abordé le sujet et qui estime «essentiel de fixer des limites claires pour la facturation de nouveaux médicaments coûteux aux frais de l'assurance de base». Et d'ajouter que «la limitation du remboursement des médicaments coûteux ne peut être comprise et acceptée par la population que si un débat social ouvert et fondé sur des faits a eu lieu au préalable». 

Adapter le système des prix

Avec ce postulat, Elisabeth Baume-Schneider précise que le Conseil fédéral «va organiser un débat sociopolitique concernant les limites de la prise en charge par l'assurance obligatoire des soins de médicaments très onéreux.»  Elle y voit aussi «une nécessité d'adapter le système de fixation des prix pour ces médicaments. Il profitera, en conséquence, de ce débat et du rapport consécutif pour élaborer les révisions correspondantes».

En attendant, la campagne qui s'annonce sur l'initiative du Centre pour freiner les coûts de la santé devrait s'emparer du sujet.

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