La guerre en Ukraine a déjà coûté 3 milliards de francs à la Suisse

Le Conseil national a refusé ce mardi de créer un fond spécial en faveur de la reconstruction de l'Ukraine par 111 voix à 71. Il s'est prononcé sur une motion de sa Commission des finances qui proposait de créer un tel fond «comptabilisé à titre extraordinaire». Mais, dans le contexte tendu des finances fédérales, l'UDC, le PLR et le Centre ont refusé cette option. Certains orateurs ne se sont pas privés de rappeler qu'il fallait dorénavant trouver 5 milliards de francs par année pour la 13ᵉ rente AVS.

Le Conseil fédéral y était également opposé, sans que cela signifie une rupture dans le soutien de la Suisse à l'Ukraine. Le chef du Département des affaires étrangères, Ignazio Cassis a précisé: «Le Conseil fédéral tient absolument à soutenir l’Ukraine et son développement, sans quoi nous n’aurions pas organisé la conférence de Lugano il y a deux ans. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Confédération a soutenu les populations touchées en Suisse et à l'étranger à hauteur d'environ 3 milliards de francs. Sur ce montant, environ 425 millions de francs ont été consacrés à l'aide humanitaire et à la reconstruction. »

Il a ajouté que dans le cadre de la prochaine stratégie de coopération internationale 2025-2028, le Conseil fédéral a prévu de consacrer 1,5 milliard de francs à l'Ukraine. Le Parlement devra en débattre prochainement.

Il a démenti enfin les chiffres avancés jusqu'ici de 5 ou 6 milliards de francs pour ce fonds. «La situation financière de la Confédération est connue, a souligné Ignazio Cassis. Le frein à l'endettement exclut tout nouvel endettement. À cet égard, les efforts nécessaires à la création d'un fonds ne seraient pas justifiés actuellement. Le travail pourra être effectué de manière plus simple au sein des structures existantes au cours des quatre prochaines années».

La gauche défendait la création de ce fonds et a fait part de sa déception sur X quant à la réputation humanitaire de la Suisse.

Le Conseil national a cependant adopté une motion de Thomas Rechsteiner (C/AG), qui demande que le Conseil fédéral augmente de manière significative l'aide humanitaire helvétique en Ukraine. Il a expliqué que l'Autriche a fourni près de trois fois plus d'aide que la Suisse entre 2022 et 2023.

Le Conseil fédéral et sa diplomatie sont aussi priés de faire le maximum pour proposer un lieu afin d'accueillir des négociations de paix. Ignazio Cassis a estimé que cette motion n'était guère utile, car le Conseil fédéral avait déjà fait le nécessaire dans ce sens, notamment pour l'organisation d'une conférence mondiale sur la paix à Genève. Sauf que la Russie a fait savoir qu'elle déclinait cette invitation.