Ces menaces qui pèsent déjà sur la 13ᵉ rente AVS

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CommentaireCes menaces qui pèsent déjà sur la 13ᵉ rente AVS

Depuis la victoire de dimanche aux premiers versements en 2026, les écueils seront nombreux à Berne.

Eric Felley
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Eric Felley
Le Conseil national devra introduire une 13e rente AVS, dont la majorité ne voulait pas.

Le Conseil national devra introduire une 13e rente AVS, dont la majorité ne voulait pas.

Service du Parlement

Si le Parlement n'arrive pas à trouver une solution de financement d'ici à l'année prochaine, est-ce que la 13ᵉ rente pourra être versée quand même en 2026, selon la décision populaire de dimanche? Juridiquement, il semble que la question n'a pas encore été tranchée à Berne. Si les juristes de la couronne estiment qu'elle pourrait être reportée, ce serait une bien mauvaise nouvelle pour les retraités.

La question du financement de la 13ᵉ rente recèle de nombreux pièges qui pourraient menacer sa réalisation pour 2026. Le Parlement pourrait s'en tenir à augmenter la part salariale de 0,4 point chacun pour l'employé et l'employeur, comme les syndicats l'ont défendu durant la campagne. Mais la droite a déjà annoncé qu'elle refusera de prendre de l'argent dans les poches de la classe moyenne par ce biais. Elle pourrait donc proposer une augmentation de la TVA, non pas par plaisir, mais parce qu'elle provoquerait une nouvelle votation devant le peuple, une sorte de revanche.

Hausse d'impôts?

Le Centre propose, lui, d'étudier une micro taxe sur les transactions financières, notamment sur les produits dérivés, qui pourraient financer la 13ᵉ. D'autres parlent d'introduire un impôt sur les successions pour les grandes fortunes. Mais ces hausses d'impôts seront automatiquement combattues par les milieux économiques. 

Autre problème, les caisses de la Confédération contribuent pour un cinquième au financement de l'AVS. Sur les 4 milliards qu'il faudra sortir en 2026, elle devra participer à hauteur d'environ 800 millions de francs. Où les prendre ? Les perspectives financières de la Confédération étant maussades, le débat risque de s'enliser dans des arbitrages. L'UDC veut déjà s'attaquer aux montants consacrer à l'asile, à la coopération internationale ou à l'Ukraine.

Moyens dilatoires

Le problème de fond est que la majorité qui s'est exprimée dimanche en Suisse, avec pas mal d'enthousiasme, n'existe pas au sein du Parlement, où les trois partis bourgeois ont tout loisir de mettre des bâtons dans les roues de la gauche et lui faire payer sa victoire. La stratégie la plus efficace étant d'utiliser des moyens dilatoires — qui ne manquent pas dans la technique parlementaire — pour complexifier et repousser le dossier de la 13ᵉ rente. 

Une 13ᵉ «lissée »

Dernier problème, plutôt symbolique, beaucoup d'intervenants dans le débat depuis dimanche, estiment qu'il n'y aura pas de 13ᵉ rente à la fin de l'année, comme un cadeau de Noël, mais qu'elle sera «lissée» sur les douze mois de l'année. Cela représentera une augmentation de 100 francs par mois pour la rente minimale et 200 francs pour la rente maximale. C'est le même argent, mais psychologiquement, c'est différent.

Pour que le vote de dimanche trouve une réalité en 2026, le chemin est donc semé d'embûches. Pour l'instant, on ne sent guère de bonne volonté du côté de l'UDC ou du PLR (encore en état de choc) pour mettre en œuvre la 13ᵉ. Une fois de plus, c'est le Centre qui devrait faire l'arbitre.

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