James Blunt: «À Verbier, je ne prends que le télésiège à mon nom»

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InterviewJames Blunt: «À Verbier, je ne prends que le télésiège à mon nom»

Le chanteur britannique nous parle de son dernier album, «Who We Used To Be», et de sa vie en Suisse, toujours avec humour.

Fabio Dell'Anna
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Fabio Dell'Anna
James Blunt habite une partie de l'année à Verbier (VS) depuis 2007.

James Blunt habite une partie de l'année à Verbier (VS) depuis 2007.

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Il est impossible de mener une interview sérieuse avec James Blunt. Le chanteur, qui a célébré ses 50 ans le 22 février dernier, affectionne le sarcasme et l'autodérision. «J'ai toujours été ainsi», nous confie-t-il quelques heures avant son concert au Hallenstadion de Zurich, vendredi 1er mars. L'artiste britannique, qui réside en partie en Suisse, y est venu présenter son dernier album, «Who We Used To Be».

Nous avons profité de cette opportunité pour échanger sur sa vie à Verbier (VS), pour aussi revenir sur le succès retentissant de son premier album, «Back to Bedlam,  il y a de cela vingt ans, notamment avec l'emblématique single «You're Beautiful».

Que retenez-vous de la période «Back To Bedlam», qui a été un succès international en 2004?

Je me suis beaucoup amusé. Ces vingt dernières années m'ont permis de vivre de ma passion pour la musique. Je me lance maintenant dans ma huitième tournée mondiale, quelle expérience extraordinaire! J'ai vraiment apprécié chaque minute.

Vous avez confié que l'écriture de votre dernier disque, «Who We Used To Be», a été facile. Pourquoi?

Quand une maison de disques vous demande d'aller en studio pour enregistrer un album, cela peut sembler un défi si votre vie ne fourmille pas d'activités. Heureusement, la mienne est loin d'être ennuyeuse. En chemin, j'ai tissé des amitiés solides tout en perdant des compagnons de route pour diverses raisons. J'ai couché sur le papier ces pertes, notamment celle de Carrie Fisher. Cet album rend hommage aux rencontres, aux chemins parcourus, ainsi qu'aux espoirs et aux peurs qui accompagnent le début d'une nouvelle famille. Alors que mes parents avancent en âge, je sens grandir en moi la responsabilité de veiller sur eux. Ma place dans ce monde s'en trouve indubitablement transformée.

Cela vous a quand même pris plusieurs années pour écrire «Dark Thought» sur Carrie Fisher, l'actrice de «Star Wars».

C'est vrai. Elle est décédée 2016. J'ai essayé très longtemps d'écrire ce titre. Plus on essaie, plus c'est difficile. Parfois, il suffit de dire ce que l'on ressent sans trop réfléchir.

Les morceaux «Some Kind Of Beautiful» et «When You'Re Gone» vous rapprochent de l'univers d'Ed Sheeran. Des chansons up tempo qui vous vont bien. D'où vient l'inspiration?

Ce sont deux sons inspirés musicalement de ma vie à Ibiza. J'aime la dance. Ces deux titres correspondent exactement à ce que j'écoute lorsque je n'ai pas une guitare dans les mains ou que je ne suis pas malheureux. (Rires.)

Vous avez dit un jour: «Je voulais devenir une rockstar, mais je suis popstar.» Vous le regrettez?

Non, j'en rigole. Quand je me suis lancé dans la musique, je me suis d'abord jeté sur la guitare électrique avec l'idée de maîtriser des solos. Mon rêve était d'être le guitariste principal d'un groupe de rock, mais bon, il faut des amis pour ça... (Rires.) Je voyageais beaucoup. Je trimbalais ma guitare électrique et un amplificateur qui pesait une tonne. Pour retrouver mes potes, je devais souvent prendre le train. C'était du boulot. Je me suis alors retrouvé seul avec une guitare acoustique et je suis devenu un artiste solo qui écrit des chansons tristes. Mais c'est cool aussi d'être un auteur-compositeur-interprète, n'est-ce pas?

Vous venez de fêter vos 50 ans...

40! (ndlr.: il plaisante, il est né le 22 février 1974.)

...Vos 40 ans, pardon. Comment avez-vous célébré?

Avec quelques milliers d'amis les plus proches à Bruxelles. Un concert extraordinaire.

Vous avez déménagé à Verbier, en Valais, en 2007. Vous appréciez votre vie à la montagne?

J'adore. Ils ont été si gentils avec moi. C'est un petit endroit incroyable et très spécial. Vous savez, les Suisses sont aussi très relax. Il y a un télésiège à mon nom à Verbier. Je ne prends aucun autre télésiège désormais. C'est le meilleur. Il dispose d'un chauffage sous le siège et d'une couverture. L'année prochaine, nous installerons un système de sonorisation qui ne diffusera que ma musique. Cela permettra de réduire les files d'attente. (Rires.)

Vous avez un grand sens de l'humour et de l'autodérision. D'où vient-il ?

C'est probablement mon côté britannique. Je considère l'humour comme quelque chose de sain. Dans ce monde, nous célébrons les acteurs et les musiciens qui récitent des textes ou chantent de douces mélodies. Je ne sauve pas de vies comme le font les médecins ou les infirmiers. Peut-être avons-nous érigé en idoles les mauvaises personnes. Je sais que j'ai de la chance, et je préfère ne pas me prendre trop au sérieux.

«Personne ne pourra dire que James Blunt est un gars avec une guitare qui fond en larmes»

James Blunt à propos de sa nouvelle tournée

Vous êtes en pleine tournée. Il faut s'attendre à quoi sur scène?

J'ai mon groupe de quatre gars avec moi. Ce sont eux les rockstars (Rires.) Le spectacle est dingue. Personne ne pourra dire que James Blunt est un gars avec une guitare qui fond en larmes. Nous avons une production extraordinaire.

Y a-t-il une chanson que vous ne voulez plus interpréter ?

D'habitude, les journalistes se focalisent sur «You're Beautiful», mais je suis ravi que vous ne l'ayez pas évoqué. Vous voyez, parmi les 21 chansons que je joue, je ne me contente pas de répéter un titre de façon mécanique. Chaque interprétation est unique. Si le public reconnaît et apprécie le titre, c'est une vraie satisfaction. Donc, non, je ne m'ennuie jamais. Si je remarque que le public en a assez d'une chanson, je la retirerai de la setlist. C'est un peu comme en cuisine: si mes pizzas rencontrent du succès et que les gens en redemandent, je pourrais en faire jusqu'à la fin de mes jours.

Vous pourriez vous passer de «OK», votre collaboration avec Robin Schulz?

Oh! (Rires.) C'est différent! À l'époque où j'ai écrit cette chanson, je ne l'appréciais pas vraiment. Je n'avais aucune intention de l'inclure dans l'album, mais ma maison de disques m'a remis à ma place en me disant: «Ne sois pas stupide. C'est un hit en puissance.» Finalement, elle n'a pas atterri sur l'album, mais mon label l'a proposée à Robin Schulz. Il y a ajouté sa touche magique et le résultat est connu de tous. Je doute que le succès aurait été au rendez-vous sans cette collaboration. En somme, j'avais tort et raison à la fois. Je suis reconnaissant envers Robin, même si cela signifie que je dois interpréter cette fichue chanson tout le temps. (Rires.)

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