Menacé d'expulsionUn théologien islamiste quitte la France et rejoint la Tunisie
Le théologien tunisien Ahmed Jaballah a quitté la France de sa propre initiative pour rejoindre la Tunisie. Il était menacé de se faire expulser du territoire français.
Doyen de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris-Saint-Ouen, l’ex-président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France), issue des Frères musulmans, faisait l’objet depuis le 30 janvier d’une obligation de quitter le territoire français. La préfecture reproche à Ahmed Jaballah sa situation irrégulière en France et des troubles à l’ordre public.
Les autorités françaises ont également décidé de prendre une mesure d’interdiction administrative du territoire afin qu’il ne puisse pas revenir en France. Le parquet de Bobigny, en région parisienne, a ouvert en 2020 une enquête préliminaire sur «les modalités de financement des activités» de l’IESH, un établissement supérieur privé en charge, notamment, de former des imams. Le départ de M. Jaballah intervient une semaine après l’expulsion vers la Tunisie d’un imam de Bagnols-sur-Cèze, dans le sud-est de la France, Mahjoub Mahjoubi.
Installé en France depuis le milieu des années 1980, il était dans la ligne de mire du ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui avait demandé quelques jours avant son expulsion le retrait de son titre de séjour en l’accusant d’appels à la haine visant les femmes et les juifs lors de ses prêches. Le ministre lui reprochait également la diffusion d’une vidéo dans laquelle il qualifiait le «drapeau tricolore» – sans préciser s’il s’agissait du drapeau français – de «drapeau satanique» qui n’aurait «aucune valeur auprès d’Allah» (ndlr: Dieu en arabe). L’imam s’était défendu en évoquant un «lapsus», expliquant qu’il dénonçait en réalité les rivalités entre supporters des pays du Maghreb au cours de la récente Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de football.
(AFP)