Intelligence artificielleElon Musk ouvre un front judiciaire contre OpenAI
Le milliardaire accuse le créateur de ChatGPT d'avoir enfrein l'accord initial en ne rendant pas public le code de son dernier modèle GPT 4.
La pression monte pour OpenAI: le créateur de ChatGPT, dont les liens avec Microsoft sont déjà dans le viseur des régulateurs, est désormais ciblé par une plainte du milliardaire Elon Musk.
Ce dernier, propriétaire du réseau de microblog X et l’un des hommes les plus riches du monde grâce au succès d’entreprises comme Tesla et Space X, figurait parmi les cofondateurs d’OpenAI en 2015 avec Sam Altman, toujours directeur général. Musk a quitté l’organisation en 2018. Il fait désormais partie de ses plus virulents critiques et a fondé l’an dernier sa propre société dans l’intelligence artificielle, xAI.
Dans des documents déposés jeudi devant un tribunal de San Francisco, et consultés vendredi par l’AFP, le milliardaire reproche à OpenAI et à Sam Altman d’avoir enfreint l’accord initial à l’origine de son développement.
OpenAI avait été fondée avec des statuts d’organisation à but non lucratif, devait œuvrer pour le bien de l’humanité et sur des logiciels d’intelligence artificielle en «open source» (accessibles, modifiables, utilisables et redistribuables par tous).
À rebours de ses objectifs initiaux, OpenAI n’a pas rendu public le code de son dernier modèle, GPT 4, «rompant le contrat initial», font valoir les avocats d’Elon Musk dans la plainte.
L’accord fondateur a donc été totalement remis en question, affirment-ils, accusant OpenAI de se tourner vers le profit «avec potentiellement des implications calamiteuses pour l’humanité».
«Filiale de facto» de Microsoft
«OpenAI a été transformée en une filiale de facto de source fermée de la plus grande entreprise technologique au monde: Microsoft», poursuivent les avocats de Musk.
OpenAI est devenue une entreprise de premier plan depuis le lancement de son outil d’intelligence artificielle générative chatGPT fin 2022. Microsoft a investi ces dernières années quelque 13 milliards de dollars dans la start-up, qui s’est depuis réorientée sur une trajectoire lucrative.
«Contrairement à l’accord fondateur, les défendeurs ont choisi d’utiliser GPT 4 non pour le bien de l’humanité, mais en tant que technologie exclusive visant à maximiser les profits de la plus grande entreprise au monde», selon la plainte de Musk.
Ce dernier réclame notamment que GPT 4 soit exclu de la licence accordée par OpenAI à Microsoft, ainsi que des dommages et intérêts pour un montant total non communiqué.
Contactés par l’AFP, ni OpenAI ni Microsoft n’avaient réagi vendredi en début d’après-midi.
Le changement de cap d’OpenAI avait déjà valu à Sam Altman de se faire renvoyer par le conseil d’administration d’OpenAI en novembre. Soutenu par Microsoft, le jeune patron avait été réintégré quelques jours plus tard.
OpenAI est aussi dans le viseur des régulateurs.
La Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, a indiqué courant janvier qu’elle vérifiait «si l’investissement de Microsoft dans OpenAI» pouvait «faire l’objet d’un examen».
L’autorité américaine de la concurrence (FTC) a annoncé pour sa part fin janvier une enquête sur les investissements de Microsoft, Google et Amazon dans les principales start-up d’intelligence artificielle générative, OpenAI et Anthropic.
D’après le Wall Street Journal, le gendarme boursier américain (SEC) examine aussi les communications internes de Sam Altman dans le cadre d’une enquête sur les conditions de son éviction, puis de son retour dans l’entreprise en novembre.