La Nobel de la paix n'a pas pu assister aux funérailles de son père

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IranLa Nobel de la paix n'a pas pu assister aux funérailles de son père

Incarcérée depuis 2021, elle s'est vue refuser le droit de se rendre à l'enterrement de son père.

Narges Mohammadi (photo non datée).

Narges Mohammadi (photo non datée). 

AFP

La lauréate du prix Nobel de la paix Narges Mohammadi, incarcérée depuis 2021 à Téhéran, a été interdite d’assister à l’enterrement de son père décédé plus tôt cette semaine, a dénoncé jeudi sa famille.

Karim Mohammadi, qui n’avait pas vu sa fille depuis 22 mois et ne lui avait pas parlé par téléphone ces trois derniers mois, est décédé mardi à l’âge de 90 ans. Ses obsèques se sont tenues jeudi dans la ville de Zanjan, au nord-ouest de Téhéran.

«Malheureusement, Narges Mohammadi s’est vu refuser la possibilité d’assister à la cérémonie et de faire ses derniers adieux à son père», a déploré dans un communiqué sa famille, qui avait précédemment affirmé que la Nobel de la paix devait avoir le «droit sans équivoque» d’assister à ces funérailles.

Narges Mohammadi est l’un des principaux visages du soulèvement «Femme, Vie, Liberté», qui a éclaté en septembre 2021 en Iran.

«Le peuple iranien a tourné la page de ce régime», a-t-elle déclaré au quotidien français Le Monde dans un entretien paru jeudi. «Je pense qu’à la prochaine occasion il réinvestira la rue.»

Narges Mohammadi, récipiendaire du Nobel de la paix «pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous», a été maintes fois condamnée et emprisonnée depuis 25 ans pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et la peine de mort.

Incarcérée depuis novembre 2021, elle n’a pas vu son mari et ses jumeaux installés à Paris depuis plusieurs années. Elle a également été privée l’an passé du droit de téléphoner depuis sa prison, même à ses proches en Iran.

Une interdiction maintenue alors que les derniers instants de son père approchaient. Le jour de sa mort, «elle n’a pas été autorisée à appeler pour présenter ses condoléances à sa famille», ont dénoncé ses proches.

Le Centre pour les droits de l’Homme en Iran, basé à New York, a cité les propos de Karim Mohammadi avant sa mort: «Le désir d’entendre la voix de ma fille depuis la prison de l’oppresseur est insupportable», avait-il dit.

Narges Mohammadi a été condamnée à plusieurs condamnations supplémentaires alors qu’elle était derrière les barreaux, notamment à un an de plus d’emprisonnement pour diffusion de propagande contre la République islamique durant son incarcération.

Selon sa famille, ses peines s’élèvent désormais à 12 ans et trois mois d’emprisonnement, 154 coups de fouet, deux ans d’exil et diverses restrictions sociales et politiques.

(afp)

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