Commentaire13e AVS: un tiens vaut toujours mieux que deux tu l'auras
Ou comment se méfier des promesses de campagne.
- par
- Eric Felley
«Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras», telle est la morale de la fable de la Fontaine, «Le petit poisson et le pêcheur». Le pêcheur préfère se contenter d'une modeste prise, plutôt que d'attendre que le poisson grandisse, comme lui suggère sa capture. Voilà qui nourrit la réflexion à propos de la campagne contre l'initiative pour une 13e rente AVS.
Alerté par les sondages favorables, le camp bourgeois s'est empressé ces dernières semaines d'affirmer qu'il allait s'occuper du problème, qu'il voulait nourrir les petits poissons, mais pas les gros. Rarement, on aura autant entendu des élus de droite, confrontés au choix de leur propre base, promettre d'améliorer le sort de ces retraités, qui «peinent à joindre les deux bouts».
Mais, dans l'hypothèse d'un non dimanche, même par une minuscule majorité de petits cantons alémaniques, une défaite demeure inscrite à jamais comme une défaite. Le naturel reviendra au galop. Ces mêmes élus tourneront vite la page de la 13ᵉ rente et, par la même occasion, le dos aux rentiers en souffrance.
Les petits porte-monnaie
Certes, Elisabeth Baume-Schneider a promis qu'elle allait faire des propositions «ciblées» pour remplir les petits porte-monnaie, sans arroser les portefeuilles. Mais elle sait très bien que la majorité bourgeoise du Parlement tient le couteau par le manche. Au vu des finances fédérales, des besoins de l'armée ou de l'agriculture, il n'y aura plus de cadeau pour les rentes pour un bon moment en cas de non dimanche.
«Poisson mon bel ami, dit le pêcheur de la fable, vous irez dans la poêle, et vous avez beau dire, dès ce soir, on vous fera frire». Pour ceux qui ont de la peine à joindre les deux bouts, seule une 13ᵉ rente, ici et maintenant, les rallongera un peu pour qu'ils se touchent. Avec même un peu de beurre dans les épinards, qui vont si bien avec le poisson.