FranceLe Sénat accepte d'inscrire l'IVG dans la Constitution
Malgré les réticences de la droite, le texte en faveur d’une «liberté garantie» à l’interruption volontaire de grossesse a été largement adopté.
L’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution a franchi mercredi son étape la plus délicate au Parlement avec le vote favorable du Sénat, évacuant les derniers doutes entourant l’adoption définitive de cette réforme historique.
Malgré les réticences de certains sénateurs de la droite et du centre, majoritaires à la chambre haute, et après plus de trois heures de discussions parfois agitées, l’hémicycle s’est prononcé à 267 voix contre 50 en faveur d’une «liberté garantie» à l’interruption volontaire de grossesse, sans modifier le texte du gouvernement. L’amendement visant à supprimer le mot «garantie» a finalement été rejeté à plus de 100 voix d’écart, tout comme la proposition d'inscrire dans la Constitution la clause de conscience des professionnels de santé autorisés à refuser de pratiquer une IVG.
«Avancée majeure»
Le président de la République Emmanuel Macron a immédiatement convoqué le Congrès des deux chambres du Parlement à Versailles lundi, ultime étape du chemin parlementaire de la révision, saluant «un pas décisif» après le vote du Sénat.
«Le Sénat a écrit une nouvelle page du droit des femmes», a savouré le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui assure que la France serait «le premier pays au monde» à protéger l’avortement dans son texte fondamental.
«C’est une victoire féministe immense», a réagi la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, saluant «une avancée majeure» et «un message envoyé aux féministes du monde entier». De nombreux sénateurs de gauche ont décrit dans l’hémicycle leur «émotion» devant un moment «fort» et «grisant». «Nous écrivons l’Histoire», a renchéri sur X la cheffe de file des députés LFI
Ultime étape, lundi
Le long chemin vers la constitutionnalisation, plébiscitée par la gauche, l’opinion publique et les associations de défense des droits des femmes, va désormais pouvoir aboutir au Congrès lundi. Quatre jours avant la Journée internationale du droit des femmes, cette date sera très symbolique. Une majorité des trois cinquièmes sera nécessaire pour l'adoption définitive du texte mais elle ne fait aucun doute, au vu des votes successifs des deux Assemblées.
Face à la remise en cause du droit à l’avortement aux Etats-Unis et dans certains pays d’Europe, l’exécutif avait fait de cette réforme l’une de ses priorités, aboutissant à un texte de compromis malgré son absence de majorité dans les deux chambres.