Sur le tournage de la toute première série Netflix suisse

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TélévisionSur le tournage de la toute première série Netflix suisse

«Winter Palace», coproduite par la RTS et le géant américain du streaming, se veut un mélange de «Downton Abbey» et de «The White Lotus». Visite en coulisses, en Valais.

Laurent Flückiger, Sierre (VS)
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Laurent Flückiger, Sierre (VS)

Une chambre où trône un crocodile empaillé et des affaires de chasse, une chambre remplie de petits anges et d'oiseaux, une autre encore, luxueuse, au plafond voûté. Bienvenue en 1899 dans le premier hôtel alpin à avoir l'électricité et qui reste ouvert durant toute la saison d'hiver. Un palace avec des clients exigeants.

Nous sommes en réalité au château Mercier, dans les hauts de Sierre, transformé depuis lundi en lieu de tournage pour la série «Winter Palace», première coproduction entre la RTS et Netflix. Environ 80 personnes travailleront durant deux semaines sur les dernières scènes intérieures, quatre mois après la prise des premières images sur les hauts de Montreux par le réalisateur fribourgeois Pierre Monnard.

On passe la porte du manoir à pas feutrés. Au rez, l'équipe de tournage est coincée dans un petit bureau. «Silence, ça tourne.» On guigne sur le moniteur. On y voit l'acteur Cyril Metzger allumer des bougies, ouvrir un coffre et en ressortir du papier à lettres. Remarqué dernièrement dans la série «Les indociles», le Fribourgeois de 29 ans joue le jeune hôtelier André Morel qui fera de cet établissement un palace grâce à l'argent d'un riche aristocrate britannique.

Netflix pousse à la swissness

À l'étage, Manon Clavel, qui joue l'épouse d'André Morel, Rose, est prête à partager sa prochaine scène avec Cyril Metzger. «C'est un métier d'attente», sourit-elle, en costume. Âgée de 36 ans, l'actrice française a été vue au cinéma et au théâtre. Jamais encore dans une série. «Avec Cyril, on a eu un coup de foudre dès notre première rencontre, dit-elle. Et c'est pour l'alchimie qu'il y a entre nous qu'on a été choisis lors de la dernière étape du casting.»

«Silence, ça tourne.» Le couple joue son arrivée dans l'hôtel. Plusieurs fois. L'après-midi, les caméras seront installées dans les chambres. Au chaud. La semaine dernière encore, toute l'équipe se trouvait en altitude, dans le village de Fäld, en plein Haut-Valais. «Je n'avais jamais tourné en montagne. Même si c'était parfois difficile à cause du froid, c'était impressionnant», décrit Manon Clavel.

Ces paysages qui font la Suisse devront aussi convaincre un public international. Car, peu après sa diffusion sur la RTS en fin d'année 2024, «Winter Palace» débarquera sur Netflix. «Ils poussent à la swissness, dit le réalisateur Pierre Monnard à propos de la plate-forme de streaming américaine. Pour eux, ça doit d'abord plaire au public d'ici et, si c'est bien foutu, ça plaira au-delà de nos frontières. Ils ont une approche très intelligente.»

«Cyril Metzger est l'héritier de Jean-Paul Belmondo et de Jean Dujardin» 

Pierre Monnard, réalisateur de «Winter Palace»

C'est la première fois que le cinéaste se frotte au genre historique. «La manière de travailler est différente, les équipes sont plus conséquentes et ça demande plus de travaux de recherche. C'est jouissif de travailler avec des gens qui ont autant de talent et de créer ces choses qu'on n'a pas l'habitude de voir.» Et celui dont le film «Bison» est en tête pour le Prix du cinéma suisse avec six nominations le reconnaît: «Winter Palace» n'aurait sans doute pas pu se faire sans Netflix.

«Notre série est un mélange de «Downton Abbey», pour le côté historique, et de «The White Lotus» pour sa tonalité satirico-comique et moderne, explique Pierre Monnard. Ajoutons aussi «Tintin» pour ses personnages hauts en couleur. D'ailleurs, Cyril (Metzger) a un petit air de Tintin, ça vient beaucoup de sa personnalité. Pour moi, il est l'héritier de Jean-Paul Belmondo et de Jean Dujardin. Il a de la gouaille, de l'esprit et c'est la personne que tout le monde aime partout où il va et apporte de l'énergie à toute l'équipe.»

Jusqu'à présent, Netflix a, paraît-il, fait des retours très positifs sur les rushes. À voir, dans quelques mois, si les téléspectateurs seront nombreux à pousser les portes du palace et si cette première facture réglée en partie par les Américains se traduira par de futures productions cinq étoiles.

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