Fashion weekSaint Laurent se joue de la transparence
Pour sa collection hivernale, le styliste Anthony Vaccarello a voulu revisiter cette obsession d’Yves Saint Laurent: «Minimiser la distance entre le tissu et la peau.»
Le vêtement avant qu’il n’en soit un ou même le non-vêtement: Saint Laurent a élaboré mardi 27 février une collection hivernale autour de la transparence, leitmotiv de son fondateur.
Une armée de mannequins, anonymisées dans la morphologie (filiforme), la coiffure (un bonnet) et la silhouette (jupe sous le genoux pour toutes) a joué autour de la matière qui disparait «comme une brume», selon la note d’intention de la maison.
Pour ce défilé, temps fort du deuxième jour de la Fashion week parisienne, Saint Laurent est resté fidèle à son symbole, la Tour Eiffel, constitutive du logo et de son image en installant son espace de défilé au Champs de Mars.
Des hôtes exceptionnels
Les invités – dont la top Kate Moss, la star coréenne Jisoo ou l’actrice Charlotte Rampling – prennent place émerveillées dans un boudoir «intime» pour 500 personnes. Chaque détail de cet écrin, du sol au plafond en passant par les tentures et le parfum d’ambiance, vient rappeler l’atmosphère poudrée des salons d’essayage, avenue Marceau.
Au rendu, la collection est d’une homogénéité totale, variant sur quelques tons minéraux du gris à l’ocre.
Dans la découpe, il n’y a que des robes et des jupes en voile de soie ajustée, qui laissent voir peau, nudité et corps jusqu’à «questionner la bienséance», ose la maison, à l’abri de toute critique de vulgarité.
Quelques pièces du vestiaire viennent sonner le rappel des classiques: un costume marron d’homme, un manteau en plume de marabout.
Attiré par cette contradiction, et par la puissance suggestive de la transparence, Yves Saint Laurent (1936-2008) s’était emparé, dès les années 1960, des matières comme la mousseline, la dentelle ou le tulle.
Une exposition «Transparences, le pouvoir des matières» au Musée Yves Saint Laurent est parallèlement organisée à Paris jusqu’au 25 août.