Enquête souhaitéeLa Suisse a-t-elle fait tout juste après le génocide au Rwanda?
Le Conseil national veut faire la lumière sur l'expulsion de Félicien Kabuga en 1994.
- par
- Eric Felley
Félicien Kabuga a été au centre d'un débat ce mardi au national. Ce financier Rwandais, aujourd'hui âgé de 90 ans, est accusé d'avoir joué un rôle de premier plan lors du massacre des Tutsis dans son pays en juillet 1994. Depuis 1997, il a été inculpé par le Tribunal pénal international pour le Rwanda de sept chefs d'accusations liés à ce génocide, qu'il a toujours niés.
Après 25 années de cavale sous de multiples faux noms, il a été arrêté en France en 2020. Il aurait enfin pu être jugé et condamné en 2023, mais le Tribunal a dû renoncer à le faire en raison de son état de santé.
Pourquoi la Suisse est concernée par ce personnage ? La conseillère nationale Christine Badertscher (V/BE) a déposé un postulat qui demande à ce que la lumière soit faite sur l'époque où il a transité par la Suisse peu après les massacres, en particulier Genève. Sa proposition a été acceptée par 128 voix contre 65 (UDC).
Bernard Bertossa était à sa recherche
Le postulat pose les interrogations suivantes: Comment se fait-il qu’en 1994, Kabuga a pu entrer et sortir de Suisse sans être inquiété? Pourquoi le Département fédéral de justice et police (DFJP) a-t-il décidé de l'expulser, alors que le procureur genevois Bernard Bertossa cherchait auprès du DFJP des moyens d'empêcher son départ ? Pourquoi Kabuga n'a-t-il pas été arrêté en 1994 ? Le Conseil fédéral estime-t-il aujourd’hui qu’en expulsant Kabuga en 1994 au lieu de l’arrêter, la Suisse a agi correctement ?
Le Conseil des États doit encore se prononcer.