AllemagneFin de 30 ans de cavale pour une membre de la Fraction Armée rouge
Daniela Klette, aujourd'hui sexagénaire, est suspectée d'être liée à une tentative de meurtre et des braquages.
La fin d’une cavale de plus de trente ans: la justice allemande a annoncé mardi l’arrestation d’une membre présumée de l’ex-organisation violente d’extrême gauche Fraction Armée rouge (RAF), responsable de plusieurs attentats dans le pays de 1971 à 1991.
Daniela Klette, 65 ans, «a été arrêtée» lundi à Berlin, a déclaré Koray Freudenberg, procureur de la ville de Verden (nord), sans donner plus de détails à ce stade.
Daniela Klette, avec ses complices présumés Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg, sont recherchés depuis les années 1990 pour leur participation supposée à la RAF, groupe d’extrême gauche prônant la lutte armée qui a tué une trentaine de personnes.
Ils appartiennent à la «troisième génération» de l’organisation, soit les successeurs des créateurs du groupe arrêtés pour la plupart dans les années 1970.
Pas de résistance
Le trio fait l’objet d’une enquête du parquet de Verden, en Basse-Saxe, pour tentative de meurtre et divers vols qualifiés et tentatives de vols, entre 1999 et 2016, qu’ils sont soupçonnés d’avoir commis surtout pour assurer leur train de vie.
Selon des informations de l’édition en ligne du «Spiegel», des enquêteurs ont arrêté Mme Klette dans un appartement du quartier de Kreuzberg, dans le centre de la capitale, où ils ont découvert des munitions.
Elle n’a opposé aucune résistance. La suspecte doit désormais être présentée au parquet de Verden.
Toujours selon les informations du «Spiegel», l’intéressée a été identifiée par ses empreintes digitales après avoir utilisé un passeport italien.
Le trio aurait essentiellement tenté de financer leur vie dans la clandestinité grâce à des braquages, certains réussis, d’autres non.
Attaques de fourgons blindés
Le premier pour lequel ils sont incriminés et qui leur avait rapporté environ 500'000 euros, remonte à 1999.
Leurs noms ont ressurgi pour la dernière fois en 2016, quand la justice les a soupçonnés d’avoir attaqué deux fourgons blindés.
Les enquêteurs avaient relevé leurs empreintes ADN sur les lieux d’une attaque commise le 6 juin 2015 dans la banlieue de Brême. Il avaient exclu «une motivation terroriste».
Côté RAF, Mme Klette est mise en cause avec ses deux complices présumés dans un attentat à la bombe commis le 27 mars 1993 contre le centre de détention en construction de Weiterstadt, qui n’avait pas fait de victimes mais occasionné plus de 60 millions d’euros de dégâts.
Elle est également recherchée pour un attentat à la bombe manqué contre un bâtiment de la Deutsche Bank à Eschborn (ouest), le 25 février 1990, ainsi qu’une attaque à l’arme automatique contre l’ambassade américaine le 13 février 1991 à Bonn (ouest).
«Guérilla urbaine» prônée
Si aucune de ces attaques n’a fait de victime, dans le premier cas, l’attentat n’a échoué qu’en raison d’un détonateur défaillant, alors que trois employés de sécurité se trouvaient à portée des explosifs, selon le parquet anti-terroriste.
Issue de la frange radicale du mouvement étudiant de 1968 et connue sous le nom de «Bande à Baader-Meinhof» – les patronymes de ses fondateurs Andreas Baader et Ulrike Meinhof – la RAF prônait une «guérilla urbaine» visant le gouvernement et l’élite allemande.
Au nom de la lutte anti-impérialiste, ses membres ont ébranlé la République fédérale d’Allemagne (RFA) via des attentats, enlèvements et assassinats visant les «hauts dirigeants de l’économie et de l’Etat» et les forces américaines.
Ces «années de plomb» furent notamment marquées par les assassinats du Procureur fédéral Siegfried Buback, du banquier Juergen Ponto et du président du patronat, Hanns-Martin Schleyer, et par l’échec du détournement d’un avion allemand sur Mogadiscio, en Somalie, par un commando palestinien qui exigeait la liberté pour Baader et ses complices.
Ses principaux leaders, dont Meinhof et Baader, se sont suicidés en prison dans les années 70. Les actes de la RAF ont fait 34 morts, avant que le groupe ne s’auto-dissolve en avril 1998.