Joël Dicker aime cultiver le goût du secret

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Le romancier à succès sort son nouveau livre ce mardi, édité par sa propre maison, qui garde ses mystères.

Le septième roman de Joël Dicker s'intitule «Animal sauvage».

Le septième roman de Joël Dicker s'intitule «Animal sauvage».

eAFP

Joël Dicker, écrivain à succès désormais à la tête d’une maison d’édition, y cultive un certain goût du secret qui est aussi celui des personnages de son septième roman, publié ce mardi. «Un animal sauvage» est le deuxième Joël Dicker édité par Rosie & Wolfe, la maison créée il y a deux ans par le romancier genevois.

Au catalogue pour le moment: l’intégralité de l’œuvre de Joël Dicker, 38 ans, y compris les cinq romans initialement publiés par des éditions de Fallois qui ont cessé leur activité en 2021, et accessoirement deux titres d’autres auteurs, le polar «Le Philatéliste» du Neuchâtelois Nicolas Feuz, et l’essai «Lecteur, reste avec nous!» de l’Américaine Maryanne Wolf.

«Je ne suis pas éditeur»

Quand on demande quel rôle tient Joël Dicker au sein de Rosie & Wolfe, il répond: «Je ne suis pas éditeur. Je ne suis pas celui qui fait l’édition du texte: c’est un vrai métier». Pas le sien, insiste-t-il. Quel type de dirigeant alors? «J’ai mis les personnes ensemble, qui sont devenues mon équipe, et qui font marcher cette boîte. Et je suis leur patron. Tous ceux qui participent à l’aventure de Rosie & Wolfe ont des talents que je n’ai pas», explique-t-il à l’AFP depuis Paris.

On ignore donc qui a édité «Un animal sauvage». C’était déjà le cas pour le roman précédent, «L’Affaire Alaska Sanders» (2022), qui sort en poche mardi également. Rosie & Wolfe, qui a ses bureaux dans le centre des affaires à Genève, divulgue le nom de deux responsables administratives, pas de ses autres collaborateurs. Cette discrétion très suisse, on la retrouve chez les personnages de ce «polar doublé d’un thriller psychologique au suspense haletant», comme le dit la quatrième de couverture.

Sophie est avocate. Son mari Arpad Braun travaille dans une banque d’affaires. Ils habitent une villa contemporaine en bord de forêt, à Cologny. Dans cette commune de milliardaires, où résidait l’Ariane de «Belle du seigneur» d’Albert Cohen, habite aussi le couple Liégean: Greg, policier, et Karine, vendeuse. Eux dans un autre quartier, où la municipalité instille un peu de mixité sociale.

Trois d’entre eux ont des secrets inavouables, que va mettre en péril l’arrivée impromptue de l’«animal sauvage» du titre, un Français qui n’a que faire des codes et usages de la bonne société genevoise.

La jalousie remplace l'adrénaline

Plutôt qu’avec l’adrénaline de ses enquêtes policières américaines, tortueuses, Joël Dicker joue avec l’écheveau des jalousies, derrière l’apparence paisible de ces rives du Léman. Elles l’ont vu naître, lui qui a hérité son patronyme d’un arrière-grand-père socialiste et juif russe émigré, en 1906, vers Genève, où il fut la cible de l’antisémitisme virulent des années 30 et 40.

Comme les romans d’Albert Cohen, autre Juif immigré qui en fut aussi victime, «Un animal sauvage» regorge de riches s’arrangeant, quand leur argent est en jeu, avec la morale qu’ils affichent. Le romancier serait-il critique du milieu privilégié qui l’a vu grandir? Il garde la réponse pour lui. «On peut se poser la question de la moralité de l’argent», admet-il. «On a pris le pli de vivre dans une économie capitaliste qui génère des envies et des disparités. Qu’est-ce qu’on en fait maintenant? Certains vous diront: c’est le moins pire des régimes. Mais ça laisse le débat ouvert».

Le roman est tiré à 450'000 exemplaires. Joël Dicker part ensuite pour une tournée promotionnelle intense en France, Belgique, Suisse et Italie, avec près d’une vingtaine de dédicaces et rencontres en près d’un mois. Et la quasi-certitude d’un best-seller.

(afp)

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