Bad buzzCNews s’excuse pour avoir assimilé l’IVG à une «cause de mortalité»
Dans son émission religieuse «En quête d'esprit», une infographie a suscité l'indignation et un tollé sur les réseaux sociaux.
La chaîne de télévision privée française CNews, du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a présenté lundi «ses excuses» après avoir diffusé la veille une infographie assimilant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) à «la première cause de mortalité dans le monde», ce qui a suscité un tollé.
«CNews présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n’aurait pas dû se produire» et «auprès de toutes les femmes», a déclaré l’une de ses présentatrices vedettes, Laurence Ferrari.
Dimanche, dans l’émission «En quête d’esprit», un talk-show religieux, «une infographie présentant un comparatif entre les causes de la mortalité générale dans le monde et le nombre d’IVG dans le monde a été diffusé», a-t-elle rappelé.
«Ce sont des données incomparables, il est absolument impossible de comparer ces chiffres et de les mettre en miroir de ceux de la mortalité liés au cancer ou au tabac», a insisté Mme Ferrari.
L’IVG est en France «un droit garanti par la loi, il ne s’agit pour quiconque de le remettre en cause», a-t-elle ajouté, espérant à titre personnel «que ce droit acquis de haute lutte par nos mères, par nos aînées, sera inscrit dans la Constitution», à deux jours de la reprise des débats sur le sujet au Sénat.
Abondamment critiquée sur les réseaux sociaux, l’infographie mise en cause a fait l’objet de nombreuses saisines de l’Arcom, le régulateur français des médias, ce que ce dernier a confirmé à l’AFP.
«Ces propos sont indignes. Plus que jamais, l’inscription de l’IVG dans la Constitution engagée par (le président) Emmanuel Macron est une avancée essentielle», a réagi Frédéric Valletoux, le ministre délégué en charge de la Santé. «L’avortement est une liberté», a-t-il ajouté.
Ces excuses interviennent dans un contexte difficile pour la chaîne de Vincent Bolloré, patron proche des milieux catholiques traditionalistes, qui a pris en quelques années le contrôle de plusieurs médias français (Canal+, CNews et C8 en télévision, la radio Europe 1 ainis que les journaux Paris Match et le Journal du dimanche).
Le 13 février, la plus haute juridiction administrative a demandé à l’Arcom «de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information».
Cette décision fait suite à un recours de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui considère que CNews «est devenue un média d’opinion», ce que l’intéressée conteste.