GenèveIgnazio Cassis veut que la raison triomphe sur la violence
Le conseiller fédéral a ouvert le Conseil des droits de l'homme, auquel la Suisse est candidate, avec un appel à la paix.
- par
- Michel Pralong
«J’aurais voulu pouvoir vous accueillir dans un contexte international plus favorable. Malheureusement, la réalité n’est pas aussi colorée que le plafond de cette belle salle» a déclaré ce lundi 26 février Ignazio Cassis, ouvrant la 55ᵉ session du Conseil des droits de l’homme au Palais des Nations à Genève. Le conseiller fédéral a enchaîné sur la même idée: «Et comme les stalactites de l’œuvre de Miquel Barceló, j’ai parfois l’impression que le monde menace de nous tomber sur la tête.»
Le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a rappelé l’aspect central de la protection des Droits de l'homme pour endiguer les nombreuses crises actuelles, en particulier en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi que la crise au Soudan qui a jeté près de 8 millions de personnes sur les routes.« Et je ne cite que trois parmi plus de 50 conflits ouverts dans le monde.»
Outre le fait d'être l'hôte de cette session qui va accueillir pendant trois jours les dignitaires d’environ 130 États pour parler de la situation des Droits de l'homme dans le monde, la Suisse est candidate pour siéger au Conseil des droits de l'homme de l'ONU pour les années 2025-2027.
«Forts de notre tradition de responsabilité envers le droit humanitaire et les droits de l’homme, nous aspirons à relever davantage les défis de notre époque turbulente, a souligné Ignazio Cassis. Avec vous toutes et tous, dans un esprit de coopération, de dialogue, de partage et de confiance!»
Un monde qui fait penser au «1984» d'Orwell
Le conseiller fédéral a dressé un tableau sombre de notre époque, évoquant le roman d'Orwell «1984». «Il y dépeint un monde dans lequel la guerre est continuelle, les libertés inexistantes, la vérité manipulée et les citoyens surveillés par Big Brother et son régime totalitaire. Ce n’est vraiment pas le monde dont nous rêvons dans cette salle! Nous avons la responsabilité de stopper cette dynamique négative.»
Le constat sur les Droits de l'homme n'est guère plus brillant:« Si les Droits de l’homme étaient respectés partout, on ne parlerait pas continuellement de guerre. Force est de constater que nous ne sommes de loin pas là où nous l’aurions souhaité il y a 75 ans (la Commission des Droits de l'homme, devenue le Conseil, a été créée en 1946, NDLR). Malgré toutes les lois que nous avons promulguées, nos efforts ne semblent pas avoir réussi à faire triompher la raison sur la violence.»
Pour des élections justes
2024 est une année où plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes, ce qui est encourageant démocratiquement, mais encore faut-il que ces votes soient respectés. «Nous devons garantir la protection de l'espace civique et assurer des élections justes et libres.
Ces conditions sont indispensables pour que le résultat reflète authentiquement la volonté du peuple».
Ignazio Cassis a conclu sur le constat n'est jamais acquis, malgré les efforts continuels pour la paix. «Il est urgent d’agir, ensemble.
C’est notre devoir d’humanité!»