Infrastructures impopulairesLes communes se laissent-elles acheter par la Confédération?
Qu'il s'agisse d’hébergements pour les demandeurs d'asile, de dépôts de déchets nucléaires ou de parcs solaires, les villages et les villes reçoivent beaucoup d'argent de la Confédération lorsqu'ils reprennent des infrastructures mal aimées.
Les communes doivent régulièrement accueillir sur leur sol des infrastructures que personne ne veut près de chez soi, par exemple un centre fédéral pour demandeurs d’asile, un dépôt de déchets nucléaires ou un parc solaire. Dans le jargon scientifique, on parle de projets Nimby, acronyme de l’expression anglaise «Not in my backyard». Autrement dit, c’est une infrastructure nécessaire à la communauté, mais personne ne veut l’avoir dans son quartier. Pour convaincre la population de reprendre ce type d’infrastructures, la Confédération ouvre ses caisses, révèle la «SonntagsZeitung».
Pour le projet de stockage de déchets radioactifs sur le site «Nord du Lägern», dans les cantons de Zurich et d’Argovie, les exploitants attendent des compensations de 800 millions de francs, qu'ils distribueront aux communautés concernées et aux particuliers afin de pouvoir réaliser le projet. Récemment, à Steckborn (TG), la population a voté en faveur de l’installation d’un centre fédéral pour demandeurs d’asile. Là encore, si elle s’y était opposée, la commune aurait perdu des revenus et les entreprises locales, des commandes.
Justification morale pour accepter l’argent
Mais la population ne se laisse pas toujours acheter. En janvier, Surses (GR) a dit clairement non à un parc solaire alpin, même si cela aurait rapporté plus de 600’000 francs par an aux caisses communales. Disentis (GR), Melchsee-Frutt (OW) et Saas-Grund (VS) ont également refusé auparavant la construction de parcs solaires, malgré des offres financières généreuses.
«Il ne suffit pas de payer pour convaincre la population, estime le professeur d'économie zurichois Reiner Eichenberger. Il en faut souvent plus: les citoyens doivent avoir une justification morale pour accepter l’argent. Par exemple, en promettant de l'utiliser pour rénover une école ou créer une réserve naturelle.»