Dérèglement climatiqueUn domaine skiable sur trois en Suisse est menacé
De plus en plus de domaines skiables en Suisse sont menacés de fermeture en raison des hivers trop doux. La situation semble particulièrement critique dans les régions situées à moyenne altitude.
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Personne ne peut plus nier que le réchauffement climatique a un impact sur les sports d'hiver, écrit la «NZZ am Sonntag». Le nombre de jours de neige diminue, les revenus des stations de ski baissent en conséquence mais les coûts fixes restent élevés ou augmentent car la production de neige artificielle devient de plus en plus complexe. Selon MétéoSuisse, le nombre de jours de neige depuis 1970 a diminué de 50% en dessous de 800 mètres d'altitude et de 20% à 2000 mètres.
Après un deuxième hiver doux consécutif, les experts dressent un tableau sombre de l'avenir. «Tous les domaines skiables situés en dessous de 1500 mètres n'ont probablement aucune chance à long terme», déclare Christoph Marty de l'Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF) à Davos (GR). Le site d'information Watson a calculé leur nombre il y a un an: 109 des 250 domaines skiables suisses se trouvent dans cette zone dangereuse.
Canons à neige
Pour Philipp Lütolf, chercheur à la Haute Ecole spécialisée de Lucerne en économie des remontées mécaniques et des domaines skiables, la question cruciale est de savoir à quelle vitesse le manque de neige va s'aggraver. «Si les hivers peu enneigés deviennent plus fréquents et que les super hivers comme ceux de 2018-2019 ou de 2021-2022 se font plus rares, plus d'un tiers des domaines skiables sont susceptibles de connaître davantage de difficultés financières», analyse-t-il.
Grâce aux canons à neige, il serait toutefois possible de skier jusqu'en mars même en dessous de 2000 mètres, surtout si le domaine se trouve sur une pente ombragée. Mais cet investissement en vaut-il la peine? Une station de ski du Jura a récemment mandaté une étude sur cette question. La conclusion était claire: la saison pourrait être prolongée de 20 jours grâce à un système d'enneigement moderne. Mais fabriquer de la neige artificielle coûterait plus cher que ce que rapporteraient ces journées de ski supplémentaires. La station a donc décidé de ne pas l'acheter.