ParisUne banderole géante «Tax the Rich» sur le futur hôtel Vuitton
Des militants d’Attac ont mené une action samedi afin de dénoncer l'«enrichissement indécent» de Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH.
Attac a réussi samedi une action périlleuse visant le PDG de LVMH Bernard Arnault, en déployant une banderole géante «Tax the Rich» (taxez les riches) depuis le haut de la façade du futur hôtel Vuitton sur les Champs-Elysées, à Paris.
«Enrichissement indécent»
Cette action inaugurait la campagne «Super-profits, ultra-riches, méga-injustices» lancée par l’association qui milite pour la justice fiscale, sociale et écologique. Cette fois, elle visait expressément Bernard Arnault, classé homme le plus riche du monde l’an dernier par Forbes, pour «dénoncer son enrichissement indécent et les cadeaux qui lui sont faits par les pouvoirs publics», a expliqué un membre d’Attac à l’AFP. Les militants ont été évacués du toit vers 20h30, dans le plus grand calme.
Equipés de casques de chantier et de baudriers, ils avaient réussi à s’introduire dans l’échafaudage, dissimulé par une structure métallique luxueuse représentant une malle Vuitton logotée géante, couleur argent, avec le verrou en relief. L’ouverture de l’hôtel, qui jouxte le magasin-phare de la marque, est prévue en 2026. Malgré le vent, ils ont pu, en une grosse demi-heure, déployer l’intégralité des lettres T-A-X-R-I-C-H sur différentes banderoles, et une autre où figurait le mot «the» et le logo d’Attac, pour composer le slogan final.
«Bernard, on veut tes milliards»
Pendant ce temps, plusieurs dizaines de militants d’Attac et d’autres associations – 350.org, Droit au logement, Solidaires Finances Publiques – ont manifesté dans le calme sur le trottoir d’en face, reprenant des slogans comme «Bernard, on veut tes milliards» ou «De l’argent il y en a dans les caisses du patronat». Ils ont été reconduits calmement vers le métro par la police, tandis que plusieurs dizaines de policiers de la Brav-M, arrivés sur leurs motos, et plusieurs fourgons de police attendaient les militants restés sur le toit.
Attac explique vouloir mettre «à juste contribution les ultra-riches et les multinationales et financer les urgences écologiques et sociales». Pour sa nouvelle campagne, elle formule diverses propositions de nature à dégager «60 milliards d’euros pour les urgences écologiques et sociales», a expliqué à l’AFP la porte-parole Lou Chesné. Attac a noté que son action de samedi n’avait entraîné «aucune dégradation durable».
Risque juridique assumé
Samedi matin, le mot d’ordre de ne pas recourir à la violence avait en effet été fermement passé aux futurs escaladeurs, qui s’étaient préparés méticuleusement à cette action techniquement compliquée sur un site industriel discret de banlieue. Chacun semblait parfaitement assumer le risque juridique encouru, pour s’introduire de manière non autorisée sur un site privé.
«Je regrette qu’on risque ainsi des années de prison pour des actions symboliques», expliquait à l’AFP «Remrem», 32 ans, qui travaille dans l’événementiel. «Au vu de l’impact» prévisible de l’action, il considérait cependant que le jeu en valait la chandelle.