Macron déambule sous les huées et les insultes, protégé par les CRS

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Salon de l'agricultureMacron déambule sous les huées et les insultes, protégé par les CRS

Des manifestants ont forcé une grille et se sont heurtés au service d’ordre samedi à l’intérieur du Salon de l’agriculture à Paris, inauguré dans le chaos par le président français.

Le président Emmanuel Macron a déambulé samedi après-midi au Salon de l’agriculture derrière un cordon de sécurité massif, mais pas à l’abri du vacarme des sifflets et des insultes de centaines d’agriculteurs, à la fois ulcérés par sa présence et demandeurs d’actes concrets pour améliorer leurs conditions de travail. Le chef de l’Etat a quitté les lieux à 21h15 après plus de 13 heures de visite, égalant en durée celle effectuée l’an passée, mais n’atteignant pas le record de 14h40 de 2019.

Trois interpellations 

Durant la journée, le chef de l’État a goûté du miel du pays d’Auge, du fromage de Haute-Savoie, serré des mains et répondu aux interpellations, l’air quasi imperturbable, mais sa voix a été régulièrement couverte par le vacarme et le programme initial complètement bouleversé par une pagaille inédite. Il a été protégé par des dizaines de CRS équipés de boucliers qui, dans des heurts ponctuels, ont repoussé les manifestants à une cinquantaine de mètres de lui. Les noms d’oiseaux fusent: «Fumier» ou «menteur», comme les cris («Barre-toi !») et les appels à la démission.

Trois personnes ont été interpellées pour des violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, selon le parquet de Paris, puis relâchées; elles seront convoquées ultérieurement. Le président, arrivé à 08H00, a commencé la journée par une rencontre avec des dirigeants syndicaux, puis a improvisé deux heures de débat avec d’autres représentants des trois principaux syndicats agricoles, la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale.

«On n’est pas des copains»

Accoudé sur une table mange-debout, le président a recueilli leurs doléances sur les revenus, les contrôles, les pesticides ou les aides financières. Un format loin du grand débat avec des ONG et des représentants des paysans bio un temps imaginé par l’Elysée. «Je préfère toujours le dialogue à la confrontation», a asséné le chef de l’État. «Je suis en train de vous dire que le boulot est fait sur le terrain, on a repris les copies, on est en train de faire toute la simplification», a-t-il défendu.

«Tant que ce n’est pas concrétisé dans les cours de ferme, on sera sur votre dos», lui a répondu un agriculteur. «Vous l’avez écouté? Il ne laisse pas parler les agriculteurs, il coupe la parole, il tutoie... On n’est pas des copains, ça ne se fait pas. On souhaite qu’il parte», dit à l’AFP un agriculteur de l’Oise, Eric Labarre, adhérent FNSEA.

Bagarres

Les heurts se sont produits au moment de son arrivée au pavillon où vaches, brebis et chèvres sont exposées. Des centaines de personnes ont forcé des grilles et y sont entrées, s’opposant au service d’ordre et aux policiers, avec plusieurs coups échangés, et provoquant un retard d’une heure et demie dans l’ouverture du salon au grand public.

Les portes de ce hall, le plus couru, ont alternativement été ouvertes et fermées au public, illustrant la confusion générale, et donnant lieu à des scènes étonnantes d’enfants goûtant du fromage à quelques mètres de CRS casqués. Et pas mal de déception: «Il y avait des CRS partout. Ambiance de forteresse assiégée», regrette Sophie Sucurovski, 28 ans, venue des Ardennes avec son fils de deux ans. Plus loin, le stand de Lactalis, numéro un mondial des produits des laitiers accusé de mal payer le lait, a été visé par un déversement de fumier, d’où s’est échappé un liquide marron.

AFP

62 engagements

Emmanuel Macron a donné rendez-vous aux représentants syndicaux d’ici trois semaines, après le Salon, qui durera jusqu’au 3 mars. Emmanuel Macron a répété que le gouvernement avait pris 62 engagements en réponse au mouvement qui a explosé le 18 janvier et a fait plusieurs annonces, dont la création d’un «prix plancher» pour mieux rémunérer les agriculteurs, un recensement des exploitations nécessitant des aides de trésorerie d’urgence, et l’inscription dans la loi que l’agriculture et l’alimentation étaient «un intérêt général majeur de la nation française».

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