«Dune, deuxième partie»: Villeneuve passe la vitesse supérieure

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En salles mercredi«Dune, deuxième partie»: Villeneuve passe la vitesse supérieure

En un peu moins de trois heures, le cinéaste canadien marie avec brio l'action avec les aspects politiques et religieux du roman. Un tour de force.

Jean-Charles Canet
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Jean-Charles Canet

C'est désormais difficilement contestable, la deuxième adaptation cinématographique de «Dune», le roman de Frank Herbert, est la bonne. Rappelons que David Lynch s'y était cassé les dents dans les années 80 avec une production Dino De Laurentiis lamentablement charcutée.

De «Dune, première partie», on se souvient être sorti de la projection sur un sentiment mitigé. On admirait le travail tout en restant sur notre faim, avec Paul et sa mère Jessica laissés en file indienne avec quelques fremens sur le sable de la planète Arrakis. C'était frustrant et, surtout, on savait que le plus dur restait à faire, soit adapter la partie la plus compliquée du roman. Exactement là où Lynch avait été contraint de baisser les bras pour des raisons de sombres contingences commerciales en empruntant des raccourcis qui font toujours peine à voir.

Reprise dans le désert

Cette deuxième partie repart à peu près exactement là où on avait laissé les principaux protagonistes. La maison Harkonnen, aidée en sous-main par l'empereur galactique Padishah, au nom du réalisme politique, et par l'organisation du Bene Gesserit, au nom de la planification, a botté les fesses de la maison Atréides et reprend la production d'épice, matière première unique et essentielle pour permettre les voyages spatiaux.

La bande-annonce de «Dune, deuxième partie». En version française.

Warner Bros.

Atréides survivants, Paul et sa mère ont rejoint le peuple Fremen, généralement persécutés par les colons. Une mythologie mystique implantée il y a bien longtemps par le Bene Gesserit fait croire à une partie des autochtones qu'un messie viendra les soulager de leurs peines. Et si c'était Paul?

Les bons artisans

C'est à ce stade qu'on constate que Denis Villeneuve et son scénariste Jon Spaihts étaient les bons artisans pour mener la barque. L'élégance de la mise en scène de Villeneuve est patente dès les premiers plans, elle perdure. Ce qui frappe ensuite est l'absence totale de bouillie numérique, celle qui donne la nausée dans les actuels films DC ou Marvel. Dans «Dune», il y a une planète, des vaisseaux spatiaux, des libellules mécaniques, des vers, des moissonneuses géantes... Les effets sont là, ils sont crédibles, en harmonie avec les effets pratiques. Ils sont magnifiques et ne donnent pas envie de vomir. On avait oublié. 

Et puis, outre l'action et les mouvements (et il y en a), on pensait que les aspects politiques et religieux du roman seraient sacrifiés ou bâclés. Il n'en est rien. Côté politique, des pièces sur l'échiquier sont habilement introduites et donnent à l'empereur (Christopher Walken), au Bene Gesserit (Charlotte Rampling), à Feyd Rautha (Austin Butler) et à Chani (Zendaya), leur minute de gloire. Côté religieux, le catéchisme prophétique et ses conséquences sont également gérés avec de grandes nuances. Et ces trois aspects — action, politique et religion — sont si bien imbriqués qu'on n'a jamais l'impression que l'un prend le pas sur l'autre.

Étonnant Timothée

La direction d'acteurs, enfin, nous a paru atteindre le plus grand niveau d'excellence possible. On doutait notamment que Timothée Chalamet soit capable de se débarrasser d'un costume de jeune adulte fragile très porté dans la première partie. On avait tort, Villeneuve lui donne à plusieurs reprises l'occasion d'exprimer une force et une puissance insoupçonnée. On a de plus été ému de voir Christopher Walken porter sur ses épaules le poids de ses années, posture parfaitement adaptée à son rôle de chef suprême fragilisé. Même la princesse Irulan (Florence Pugh), fille de l'empereur, sait ne pas jouer les utilités.

En résumé, avec ses deux parties cumulées, Dennis Villeneuve nous offre la meilleure adaptation de «Dune» à ce jour, avec la seconde moitié qui surpasse aisément la première.

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