Violences sexuelles: les César, heure de vérité

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FranceViolences sexuelles: les César, heure de vérité

La 49ᵉ édition se tient ce vendredi à l’Olympia alors que le monde du cinéma français est secoué par des plaintes depuis plusieurs mois.

Image prise avant la 48e cérémonie des César, devant l’Olympia, à Paris, le 24 février 2023.

Image prise avant la 48e cérémonie des César, devant l’Olympia, à Paris, le 24 février 2023.

GETTY IMAGES VIA AFP

Le cinéma français crèvera-t-il l’abcès? Les regards se tournent vendredi vers l’Olympia, à Paris, où se tient la 49e soirée des César, sur fond de libération de la parole autour des violences sexuelles dans le 7e art.

Beaucoup attendent des mots de Judith Godrèche, devenue figure de proue du #MeToo français après avoir porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour des violences sexuelles et physiques pendant son adolescence, que ces derniers nient.

«Que j’aille aux César ou pas, on s’en fiche bien», a coupé l’actrice, à deux jours de la cérémonie, appelant plutôt à «entendre» les victimes. «Notre milieu souffre en silence. Nos jeunes filles souffrent en silence. Et une fois de plus, une fois encore, le gouvernement se tait, les politiques se taisent, et les acteurs, les réalisateurs se taisent».

Pour briser ce «silence», le syndicat CGT prendra la parole sur le tapis rouge avant la cérémonie, prévue à 20h 45. La CGT a aussi donné rendez-vous à 19 heures devant la salle de spectacle, pour un rassemblement auquel participera la secrétaire générale Sophie Binet. Le collectif 50/50, en pointe dans ces luttes, y sera également.

Dans la salle aussi, la question a des chances d’éclipser la course aux prix entre le favori «Anatomie d’une chute» et ses concurrents, comme l’hommage à l’actrice Micheline Presle, doyenne du cinéma français, décédée mercredi à 101 ans.

Car, de la mise en examen pour viols et agressions sexuelles de l’acteur Gérard Depardieu aux accusations portées par Judith Godrèche, suivies par d’autres comédiennes, les violences sexuelles hantent plus que jamais le cinéma français.

Jeudi, l’actrice Isild Le Besco a, à son tour, annoncé qu’elle «envisage» de porter plainte contre Jacques Doillon et Benoît Jacquot, dénonçant une «emprise destructrice» et des «violences». Et l’acteur Aurélien Wiik a lancé sur Instagram le hashtag #MeTooGarçons.

M. Doillon, lui, entend déposer une plainte pour «diffamation» contre Mme Godrèche.

La multiplication de ces accusations nourrit le soupçon que, parmi les cinéastes, acteurs et autres professionnels du 7e art qui prendront place à l’Olympia, certains ont fermé les yeux sur ce type de faits.

Spectre de Polanski

Les mots de la présidente de la cérémonie, l’actrice Valérie Lemercier, seront scrutés. Et la brochette de stars du cinéma français qui se succèderont pour animer la soirée sont attendus au tournant.

Censés représenter le cinéma dans sa diversité, les César ont évolué depuis la cataclysmique édition 2020 où Roman Polanski, accusé de viol, avait reçu le prix du meilleur réalisateur pour «J’accuse», provoquant le départ de l’actrice Adèle Haenel.

L’institution a été renouvelée. Une règle de «non-mise en lumière» des mis en cause par la justice «pour des faits de violence» a été instituée (pas d’invitation aux événements liés aux César, pas de remise de statuette sur scène, ni de discours pour les lauréats).

A priori, aucun des nommés n’est visé par des accusations. L’acteur Samuel Theis («Anatomie d’une chute») fait l’objet d’une enquête après la plainte pour viol portée par un technicien alors qu’il tournait un film l’été dernier, mais il n’en fait pas partie.

Une réalisatrice sacrée?

«Anatomie d’une chute», Palme d’Or à Cannes et nommé cinq fois aux Oscars (le 10 mars au soir à Los Angeles, dans la nuit du 11 en France), a récolté 11 nominations. Le trophée du meilleur film pourrait se jouer entre lui et «Le règne animal», film fantastique de Thomas Cailley (12 nominations).

A 45 ans, sa réalisatrice Justine Triet pourrait marquer l’histoire des César en devenant la deuxième femme à remporter le prix de la meilleure réalisation, un quart de siècle après Tonie Marshall («Vénus Beauté (institut)» en 2000). Deux autres réalisatrices (sur cinq nommés) sont en lice: Catherine Breillat («L’été dernier») et Jeanne Herry («Je verrai toujours vos visages»).

Côté interprètes, parmi les favoris, l’actrice allemande Sandra Hüller («Anatomie d’une chute»), Hafsia Herzi («Le ravissement»), Romain Duris («Le règne animal») ou la révélation de l’année Raphaël Quenard, à la fois en lice comme meilleur espoir (pour «Chien de la casse») et comme meilleur acteur (pour «Yannick»).

Des César d’honneur doivent être remis à l’actrice et réalisatrice française Agnès Jaoui qui a raconté publiquement avoir été victime de violences sexuelles dans son enfance, et au cinéaste américano-britannique Christopher Nolan («Oppenheimer»).

(AFP)

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