InterviewLiam Gallagher: «Je suis content d'être de retour dans un groupe»
L'ex-chanteur d'Oasis sort ce vendredi un album avec l'ancien guitariste des Stone Roses, John Squire. «Un disque classique de rock'n'roll», résume-t-il.
- par
- Fabio Dell'Anna
Le rock de Manchester continue de résonner avec une énergie inépuisable. Aujourd'hui, Liam Gallagher, l'ancien visage d'Oasis, fait un retour fracassant en compagnie de l'agitateur de la Madchester John Squire, ex-guitariste des Stone Roses avec un album sobrement intitulé «Liam Gallagher & John Squire». «C'était un vrai plaisir de publier trois projets en solo, mais je suis content d'être de retour dans un groupe. Surtout avec John, l'un de mes héros», nous confie au bout du fil dans un enthousiasme palpitant le frangin de Noel Gallagher.
Pourtant, l'artiste de 51 ans avait envisagé 2023 comme une année sabbatique. «J'en avais marre de montrer ma gueule. Il est possible que le public ait eu besoin d'une pause autant que moi», plaisante-t-il, avant de confesser: «Une opération à la hanche m'a immobilisé pendant cinq mois. Je pensais prendre plus de temps pour me reposer, mais John est venu gâcher mes plans.» Le chanteur et le guitariste, de dix ans son aîné, ont collaboré sur dix titres qui respirent leur essence: un son rock, parfois psychédélique, teinté de pop, où les guitares dominent. Tout cela, sans artifice.
«J'ai accepté de me lancer dans ce projet à une seule condition: je voulais une tonne de guitares», révèle Liam Gallagher. L'idée a germé en juin 2022 alors que les deux amis se partagent la scène de Knebworth, un festival légendaire pour Oasis, puisque le groupe avait enflammé 250 000 personnes lors de deux shows, en 1996. «À la fin du concert, John m'annonce qu'il a composé plusieurs morceaux. Je lui demande: «De quel style?» Il me répond que c'est ce que j'imagine de mieux et qu'il aimerait que je chante.»
Rapidement, trois titres arrivent entre les mains de l'artiste britannique, qui tombe sous le charme. «Je suis allé chez lui à Macclesfield (ndlr.: nord-ouest de l'Angleterre), où j'ai enregistré huit démos. J'ai dû ensuite partir en tournée au Japon pour des festivals. Entre-temps, il a écrit deux autres chansons.» Ils se retrouvent finalement à Los Angeles et s'enferment trois semaines en studio avec le producteur Greg Kurstin (Foo Fighters, Sia, Paul McCartney). «Il nous a apporté un sens pratique. Je n'aime pas passer des heures sur le mixage. Il y a trop de surproduction de nos jours, la musique perd en puissance, en saleté, en authenticité! Je voulais un album classique de rock'n'roll.»
Parmi nos morceaux préférés, «Raise Your Hands» se distingue grâce à son refrain accrocheur, tandis que le single «Just Another Rainbow» a le potentiel d'un hymne de stade avec un solo de guitare impressionnant. «C'est la première chanson que nous avons terminée. Celle qui m'a convaincu. Quel que soit le lieu où nous la jouerons, dans une petite salle ou devant une grande foule, l'effet sera incroyable», confie Liam Gallagher, avouant que «Mother Nature's Song» lui a arraché des larmes lors de l'enregistrement. Cependant, ne lui demandez pas d'analyser les textes. Lorsqu'on évoque l'ironie des paroles de «I Hate Everyone», il bredouille: «Je pense que cela parle de notre dépendance aux téléphones... Vous voyez ce que je veux dire? Il faudrait demander à John pour plus de détails.»
Rencontre dans un petit village du Pays de Galles
Liam Gallagher est plus bavard sur sa première rencontre avec John Squire. «Les Stone Roses m'ont appris à croire en moi et en la musique. Je suis fan depuis mes 17 ans. Je me souviens qu'ils enregistraient leur deuxième album à Monmouth et avec Oasis, nous venions d'arriver en ville pour travailler sur notre premier disque, «Definitely Maybe» (ndlr: qui célèbre ses 30 ans en 2024).» Les deux groupes se sont croisés dans les rues de ce petit village du Pays de Galles. «Mark Coyle, notre ingénieur et producteur, nous a présentés et nous avons passé un bon moment ensemble. Nous n'étions pas très proches, mais nous avons apprécié ce moment. Aujourd'hui, je considère John comme bien plus qu'un ami.» Il évoque d'ailleurs un possible deuxième album à venir.
Quant aux influences pour ce projet, celui qui ne parle plus à son frère, Noel Gallagher, souligne qu'il n'y avait pas de plan précis. «Nous ne nous sommes pas assis pour travailler sur une mélodie après avoir écouté les Beatles. Tout est venu naturellement. Mais comme toujours, les Sex Pistols, les Rolling Stones et Jimi Hendrix résonnent en moi.»
La star britannique se réjouit particulièrement de prendre la route pour partager sa musique et «peut-être une ou deux reprises». Lorsqu'on lui demande s'il prévoit une date en Suisse, il se tourne vers sa collègue Debbie et hurle: «Hé! Nous ne passons pas par la Suisse? C'est quoi ce bordel?!» Elle lui assure qu'il y aura plus d'informations dans les mois à venir.
On en profite pour lui demander s'il garde un bon souvenir de notre pays, malgré sa prestation désastreuse de quinze minutes au Paléo avec Oasis en 2000. «J'adore Zurich. C'est une ville très agréable, mais je ne sors plus beaucoup maintenant», dit-il simplement. «Ma réponse est nulle», s'exclame-t-il avant de réfléchir un moment. «Vous savez ce que j'aime chez vous? Roger Federer! Quelle légende! Et si quelque chose d'autre me vient à l'esprit, je vous rappelle.»