Ce week-end, repartez à l'assaut du Capitole!

Il avait la fureur de vivre et, ce vendredi 23 février 2024, redeviendra ce cinema paradiso qu'il a été pour de nombreux spectateurs à travers le temps. Construit en 1928, transformé en 1959 et racheté en 2010 par la Ville de Lausanne, qui a confié sa gestion à la Cinémathèque suisse, le Capitole sera inauguré. Trois ans de travaux pour un coût total de 21,6 millions de francs ont été nécessaires.

On avait déjà pu s'en rendre compte lors de la visite de chantier en septembre dernier: le résultat allait être grandiose. Il l'est. Le Capitole nouveau rappelle ses origines dans une ambiance «Mad Men» avec les moyens techniques du XXIe siècle. Trois époques réunies dans un lieu qui a l'ambition d'être une maison du cinéma avec deux salles de projection, un café, un bar, une librairie et une médiathèque.

Ce samedi de 10 h à 17h et ce dimanche de 10 h à 15 h, le public est invité à découvrir les rénovations et l’agrandissement du Capitole lors d'un week-end portes ouvertes — les séances de cinéma sont complètes. Avant de fouler la moquette, les plus attentifs remarqueront que, sur la droite de l'entrée, les deux guichets d'où l'ancienne propriétaire Lucienne Schnegg vendait les billets pour les séances ont été conservés. S'ils attirent les regards des curieux de l'extérieur, ils ne sont plus utilisés et donnent sur un espace café avec canapés.

En descendant les escaliers, on remarque un papier-peint de 1959 représentant des arlequins qui a été restauré. On est surtout ébahi par tous les luminaires d'antan, notamment en verre de Murano, et on arrive au bar, qui est toujours le même avec ses miroirs et ses meubles en bois. Nostalgie. Juste à côté, les toilettes des femmes ont gardé le carrelage, les lavabos, les cuvettes et même les porte-papier de 1928. À noter que les hommes ont droit à des cabinets neufs (qui rappellent le style de ceux de leurs voisines). Il ne faut pas y voir un traitement de faveur: ceux d'origine ont été remplacés par un ascenseur.

Entrons dans la salle historique, rebaptisée salle Freddy Buache, du nom du directeur historique de la Cinémathèque suisse. Avec ses sièges rouges, son plafond bleu, ses murs recouverts de tissu ondulé or et ses lustres en forme de cônes dénichés à Paris, elle rappelle le Hollywood des années 50. Si le Capitole est passé de 1077 places en 1928 à 736 places aujourd'hui, il reste la plus grande salle de cinéma de Suisse. Et pour ceux qui préfèrent rester discrets, ils pourront toujours choisir parmi les six loges avec banquette en fond de salle. 

Un étage plus bas (sur cinq, en tout), la salle Lucienne Schnegg a été construite, accessible par le foyer principal et par l'extérieur. Elle compte 140 places et servira, notamment, aux ciné-concerts, aux projections de films d'auteur et de documentaires, mais aussi à des événements privés ou scolaires. La nouvelle salle et son foyer s'inspirent des éléments caractéristiques du bâtiment existant. Plus loin, trois étages de loges d'artistes qui datent de 1928 ont été refaites.

On ne terminera pas la visite sans entrer dans la cabine de projection. Là, trônent deux projecteurs 35 mm adaptables en 70 mm et un projecteur numérique 4K. Les films qui ont été numérisés arrivent directement du centre de recherche et d'archivage de Penthaz (VD) dans les serveurs. Vendredi, plusieurs projectionnistes s'affairent avant le grand soir. Des septuagénaires, derniers spécialistes de la pellicule et d'un art qui a presque disparu. En plus des architectes, des artisans, des ouvriers, ce week-end portes ouvertes sera aussi une belle occasion de les célébrer.