HumeurFaut-il imposer «soldes» plutôt que «sale» ?
La polémique renaît dans le Jura, où un député veut faire de l'ordre dans les vitrines.
- par
- Eric Felley
Le «Quotidien jurassien» s'est penché récemment sur une sale affaire, qui rebondit dans un article publié à fin janvier. Avec une douzaine de ses collègues, un député Vert'libéral, Raoul Jaeggi, vient de déposer une motion visant à combattre l'usage de l'anglais «Sale», à la place du bon français «Soldes».
«Ce n’est pas très approprié pour vendre des habits propres», plaisante le député, qui se dit agacé depuis longtemps par cet anglicisme qui a colonisé les vitrines. En trois clics de recherches, on remarque que cet agacement polémique ne date pas d'hier.
A Neuchâtel et Genève
En 2013, soit il y a déjà onze ans, c'était le Conseil d'État neuchâtelois qui voulait interdire le mot «sale», critiquant un double-sens de mauvais goût «particulièrement choquant pour les francophones». En 2021, le député genevois Jean Romain demandait que dans les vitrines de Genève figure également le mot «soldes», rappelant que la langue en usage à Genève est bien celle de Rousseau et non de Shakespeare.
Open air
Toutefois, la Genève cosmopolite en a vu d'autres. Dans le Jura, le français fait partie de la lutte historique. Le secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien, Pierre-André Comte, voudrait aller plus loin, estimant que l’État ne devrait plus subventionner un manifestation, qui contient un anglicisme dans son titre. By bye les «open air» et les «show» de tout poil.
Peanut
Le Jura a par ailleurs été traumatisé à l'été 2022. En changeant de propriétaire, l’Hôtel du Bœuf à Saint-Ursanne est tombé dans les mains de la chaîne d'établissements nommée Definitely Different Group de Patrick Delarive. Le vénérable bœuf a été rebaptisé par un pénible «Peanut Medieval Lodge», que l'on pourrait traduire par «loge cacahuète médiévale».
Deux lettres
Avec «peanut», on peut comprendre l'objectif commercial de la start-up hôtelière afin de mettre en avant ses tarifs avantageux. Tout est une question d'argent. Dans un monde globalisé, férocement concurrentiel, de «Soldes» à «Sale», les publicitaires gagnent deux lettres, qui, multipliées par des millions d'affiches sur des années, font économiser un peu d'encre tout en la faisant couler un peu. Et c'est toujours mieux que l'allemand «Ausverkauf».