PortraitJodie Foster, héroïne de «True Detective», icône qui refuse d’être porte-voix
L'actrice de 61 ans préfère parler de cinéma que de sa vie privée ou de politique.
«Le cinéma, c’est toute ma vie»: icône d’Hollywood, de la communauté LGBT+ et de l’émancipation des femmes, l’actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster, à l’affiche de la saison 4 de «True Detective», a pourtant mené sa carrière en invoquant rarement ses opinions.
La comédienne doublement oscarisée s’exprime peu sur autre chose que son travail. De passage à Paris cette semaine, elle a accepté de parler brièvement d’actualité (MeToo, les élections américaines) sur France Inter, en faisant remarquer qu’on lui posait «beaucoup de questions politiques».
«Je n’ai jamais voulu être quelqu’un qui parle de politique», explique à l’AFP, dans un français parfait, l’actrice de 61 ans, qui sort de sa réserve à dose homéopathique, pour critiquer Donald Trump ou qualifier la génération Z d'«agaçante».
«La chose qui m’intéressait le plus, c’était de faire du cinéma. Toute ma vie, c’est tout ce que j’ai voulu faire», martèle celle qui a aussi réalisé «Money Monster» (2016), une charge cinglante contre la finance et les médias aux États-Unis, et «espère retourner derrière la caméra».
Propulsée star mondiale à 12 ans, avec son rôle de gamine prostituée dans «Taxi Driver» (1976), Jodie Foster a dressé un rempart autour de sa vie privée.
«Si vous aviez été un personnage public depuis votre petite enfance, si vous aviez dû vous battre pour avoir une vie normale, peut-être que vous préserveriez aussi votre vie privée par-dessus tout», avait-elle expliqué lors de la cérémonie des Golden Globes en 2013, où elle a fait son coming-out.
«Sur le petit écran»
Sa réserve prévaut aussi en tournage. «Avec Jodie, tu expliques d’où vient le personnage et elle comprend, elle n’a pas besoin de parler de ses émotions», raconte à l’AFP Issa López, réalisatrice de «True Detective – Night Country» (série de HBO diffusée en Suisse sur la RTS et dans l'offre Canal+).
«Fan» de la première saison, Jodie Foster assure avoir dit oui «tout de suite» à Issa López. «Je n’ai pas fait de série télé depuis les années 70. C’est tout nouveau pour moi en tant qu’actrice, bien que je travaille dans le streaming en tant que metteur en scène», explique-t-elle.
«C’est là vraiment que les projets narratifs se font maintenant. Les choses les plus intéressantes sont sur le petit écran», estime l’actrice, nommée pour l’Oscar et le Golden Globe du meilleur second rôle dans «Insubmersible», produit par Netflix.
Sa partenaire à l'écran la considère comme «un mentor»
Pour sa partenaire à l’écran dans «True Detective», Kali Reis, Jodie Foster a été «un mentor».
La boxeuse devenue comédienne s’estime chanceuse d’avoir vu la «légende (...) jouer sur son territoire. C’est tout pour elle, elle fait ça depuis qu’elle a 3 ans», rappelle Reis, 37 ans, dont c’est le deuxième rôle seulement.
Toutes deux jouent des policières enquêtant sur la disparition de scientifiques en Alaska quelques jours avant Noël, quand la nuit est permanente. «Ce sont deux femmes qui vivent dans un monde d’hommes. Parce que la police, c’est un monde d’hommes», relève Jodie Foster.
Cette quatrième saison se veut «le reflet» de la première, avec Matthew McConaughey et Woody Harrelson, en 2014, précise l’inoubliable agent du FBI du «Silence des agneaux» (1991).
«Les deux garçons, c’était la Louisiane: il fait chaud, tout le monde est en sueur... C’est la clarté de cette lumière brutale. Et, chez nous, c’était tout l’inverse: deux femmes, dans le noir, dans le froid, au fin fond du monde», explique Jodie Foster.
Une formule à succès puisque cette saison est la plus regardée de la série, avec 2,7 millions de spectateurs dans le monde pour le 5e et avant-dernier épisode disponible depuis samedi dernier (depuis lundi dernier, ici en Suisse), selon des mesures d’audience de la société Nielsen et de Warner Bros. Discovery.