SantéLa Suisse ne favorise pas assez l'allaitement
Un rapport préconise de faciliter cette pratique et de rallonger le congé maternité.
- par
- Comm/M.P.
Nombre de mères et de spécialistes en médecine sont conscients des bienfaits de l’allaitement sur différents plans, mais dans la réalité quotidienne, il n’est pas rare qu'il ne soit pas possible ou trop rapidement rendu impossible pour des raisons extérieures à la famille. C’est le cas notamment si une mère, qui a repris son travail, n’est pas soutenue par son employeur ou si, financièrement, il n’est pas supportable qu’elle consacre autant d’heures à l’allaitement maternel au détriment d’une autre activité.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’alimenter les nourrissons exclusivement par l’allaitement jusqu’à l’âge de 6 mois. En Suisse, la durée de l’allaitement est inférieure à ces recommandations, car elle dépend étroitement de la durée de la protection de la maternité en vigueur et du respect des dispositions légales protégeant les femmes allaitantes. Dans notre pays 74% des enfants cessent d’être allaités vers 5 ou 6 mois, ou sont toujours allaités, mais avec un autre apport de nourriture en plus.
L'allaitement s'arrête à la fin du congé maternité
La durée et la fréquence de l’allaitement n’ont toutefois cessé d’augmenter ces 20 dernières années en Suisse. Mais la dernière étude, en 2014, a révélé que, si 62% des mères ont nourri leur enfant exclusivement au lait maternel pendant 3 à 4 mois, elles n'étaient plus que 26% au 5ᵉ et 6ᵉ mois. Cette forte baisse de l’allaitement exclusif coïncide à peu près avec la fin du congé de maternité payé de 14 semaines.
L’allaitement exclusif requiert, à lui seul, près de 20 heures par semaine. Les mères qui l'adoptent consacrent donc chaque semaine environ 7 heures de plus à l’alimentation du nourrisson que les autres mères.
Faciliter l’allaitement au travail
Convaincues que les avantages de l’allaitement dépassent le seul cadre de la famille, Sonja Merten, membre de la Commission fédérale pour les questions familiales (COFF) et Jordyn Wallenborn, toutes deux de l’Institut tropical et de santé publique suisse, formulent plusieurs recommandations dans un rapport publié ce mois.
Elles préconisent de faciliter l’allaitement au travail et dans les lieux publics. Mais il faut aussi développer une stratégie de communication nationale pour informer les parents, les employeurs et la société sur l'allaitement maternel et aider à mieux le faire accepter. Afin qu’il soit possible de suivre les recommandations en faveur de l’allaitement exclusif, elles recommandent d’introduire un congé parental de plusieurs mois avec prolongation du congé de maternité. Elles constatent en effet que la probabilité d’un allaitement exclusif jusqu’au 6ᵉ mois est 50% plus élevée lorsque le congé de maternité dure 6 mois.