Guerre Israël-HamasLa pression internationale pour une trêve monte à Gaza
Ce mouvement fait suite à l’annonce israélienne d’une offensive prochaine sur Rafah.
La pression internationale s’est intensifiée mardi pour un accord de trêve entre Israël et le Hamas, incluant une nouvelle libération d’otages. Ce mouvement fait suite à l’annonce israélienne d’une offensive prochaine sur Rafah, dernier refuge pour plus d’un million de Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza.
L’Egypte, médiateur traditionnel entre Israël et les Palestiniens, a accueilli mardi les directeurs du renseignement américain et israélien ainsi que le Premier ministre qatari pour des pourparlers sur une trêve.
Discussions «positives»
Les discussions ont été «positives» et se poursuivront durant «les trois prochains jours», a annoncé la télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien.
Les familles des otages détenus à Gaza, qui exhortent le gouvernement à tout faire pour permettre leur libération, ont imploré dans un message la délégation israélienne: «Ne revenez pas tant que tout le monde n’est pas revenu – les vivants et les morts».
Offensive ordonnée
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment ordonné à l’armée de préparer une offensive sur Rafah, qui est selon lui le «dernier bastion» du mouvement islamiste.
Mercredi soir, il a promis une «puissante» opération à Rafah «après» avoir permis à la population civile de quitter cette ville à la pointe sud de la bande de Gaza. «Nous combattrons jusqu’à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat», a-t-il déclaré dans un message en hébreu sur son compte Telegram officiel.
Environ 1,4 million de Palestiniens, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, sont massés dans cette ville, piégés contre la frontière fermée avec l’Egypte, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois dans le territoire assiégé par Israël.
Lundi, l’armée avait libéré deux otages israélo-argentins enlevés le 7 octobre, lors d’une opération nocturne à Rafah accompagnée de bombardements qui ont fait une centaine de morts, selon le Hamas.
Terrifiées après cette opération, des familles démontaient mardi leurs tentes et rassemblaient leurs affaires pendant que d’autres prenaient la direction du nord, leurs bagages empilés sur le toit de leurs voitures.
De la fumée au-dessus de Khan
Mardi, de la fumée s’élevait au-dessus de Khan Younès et de Rafah après des frappes, selon des journalistes de l’AFP dans la bande de Gaza.
Malgré les mises en garde de nombreuses capitales étrangères, Benjamin Netanyahu s’est dit déterminé à poursuivre «la pression militaire jusqu’à la victoire complète» sur le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, et la libération des otages.
Les opérations militaires israéliennes à Rafah «pourraient conduire à un massacre à Gaza», a averti mardi le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, appelant Israël à ne pas «continuer à ignorer» les appels de la communauté internationale.
Toujours des otages
Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.
Face aux craintes internationales, M. Netanyahu a affirmé dimanche qu’Israël ouvrirait à la population «un passage sécurisé» pour quitter Rafah, sans préciser vers quelle destination.
Pas d'offensives sans garanties
Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, s’opposent à une offensive sans garanties pour la sécurité des civils. Le président Joe Biden a réclamé à Israël un plan «crédible» pour épargner la population.
La Chine a aussi exhorté mardi Israël à arrêter «au plus vite» son opération militaire à Rafah.
L’Allemagne a appelé Israël à garantir des passages sûrs pour la protection des civils à Rafah, où deux journalistes d’Al Jazeera ont été grièvement blessés dans une frappe israélienne, selon la chaîne qatarie.
D’après le Wall Street Journal, Israël proposerait de créer 15 vastes camps de 25'000 tentes chacun dans le sud-ouest de la bande de Gaza, dans le cadre d’un plan d’évacuation.
Rafah, devenue un gigantesque campement, est le principal point d’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, insuffisante pour répondre aux besoins de la population qui vit dans des «conditions proches de la famine», selon le Programme alimentaire mondial (PAM).