ParisEmmanuel Macron annonce l'entrée de Robert Badinter au Panthéon
Le président français a rendu mercredi un hommage national au pourfendeur de la peine de mort.
Emmanuel Macron a annoncé mercredi le principe d’une entrée au Panthéon de Robert Badinter, en rendant un hommage national à celui qui porta l’abolition de la peine de mort et était «la République faite homme».
«Il était une âme qui crie, une force qui vit et arrache la vie aux mains de la mort», a déclaré le chef de l’Etat dans son discours sur la place Vendôme.
C’est dans ce lieu symbolique et inédit, devant le ministère de la Justice, que la France a salué la mémoire de l’ancien garde des Sceaux décédé la semaine dernière à l’âge de 95 ans. Là où le ministre du président socialiste François Mitterrand rédigea la loi abolissant le châtiment suprême, à rebours de l’opinion publique de l’époque.
Entrée du cercueil applaudie
L’entrée de son cercueil sur la place, depuis le ministère, est applaudie par la foule de plusieurs centaines de personnes venues assister à cette cérémonie ouverte au public, malgré une pluie fine. Tout comme la retranmission de ses mots historiques demandant, à la tribune de l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981, «l’abolition de la peine de mort en France».
«Il a aussi beaucoup œuvré pour la dépénalisation de l’homosexualité et pour l’amélioration des conditions de vie dans les prisons. C’est un grand monsieur», dit Catherine Martin, une retraitée parisienne de 71 ans.
Au Panthéon
Le président de la République, lui, se fait solennel pour annoncer une prochaine panthéonisation, s’ajoutant à celles qu’il a décidées depuis 2017 pour Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Baker et, la semaine prochaine, les résistants Missak et Mélinée Manouchian.
«Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent, au Panthéon», a lancé le chef de l’Etat en présence de la philosophe Elisabeth Badinter, veuve de celui qui fut, selon les mots du président, «l’avocat pour toujours de cette cause, l’abolition».
Date et modalité à définir
«Le principe est acté. Il y aura une cérémonie de panthéonisation», a précisé l’entourage d’Emmanuel Macron à l’AFP, soulignant que la famille avait donné son accord mercredi matin. «La date et les modalités sont à discuter avec la famille.»
Une panthéonisation peut se faire sous la forme d’une simple plaque au nom du défunt, d’un cénotaphe — un monument funéraire qui ne contient pas de corps —, ou une inhumation.
Dès vendredi, à peine connue la nouvelle de sa mort, le président avait laissé planer la possibilité d’une entrée de l’avocat dans ce temple républicain.
Polémique avec LFI
Le rendez-vous solennel de mercredi a eu lieu sur fond de polémique.
Elisabeth Badinter avait exprimé le souhait que les élus du Rassemblement national et de La France insoumise ne viennent pas à la cérémonie.
Marine Le Pen a accepté de se soumettre à cette demande, sans nier ses désaccords avec cette figure longtemps honnie à droite pour avoir aboli la peine de mort.
Réaction inverse pour LFI qui était représentée par ses députés Caroline Fiat et Eric Coquerel. «C’est un hommage national, je n’ai pas envie de polémiquer», s’est agacé à son arrivée le député insoumis de Seine-Saint-Denis.
Combat d'Elisabeth Badinter
Pourfendeuse des extrêmes comme son mari, Elisabeth Badinter a toujours combattu le Front national puis le RN, mais a aussi plus récemment dénoncé un certain «islamo-gauchisme» et pointé la responsabilité «énorme» de LFI dans la montée de l’antisémitisme en France.