La France rend ce mercredi un hommage national à Robert Badinter

Publié

ParisLa France rend ce mercredi un hommage national à Robert Badinter

Emmanuel Macron présidera dès midi un hommage à un «sage» et une «conscience républicaine», sur la place Vendôme, siège du ministère de la Justice où l’ancien garde des Sceaux porta l’abolition de la peine de mort.

Robert Badinter est décédé le 9 février dernier, à 95 ans.

Robert Badinter est décédé le 9 février dernier, à 95 ans.

AFP

Le président français Emmanuel Macron présidera ce mercredi midi un hommage national à Robert Badinter, un «sage» qui porta l’abolition de la peine de mort en tant que ministre de la Justice.

Le chef de l’Etat a promis de s’exprimer sur une éventuelle entrée de l’avocat, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 95 ans, au Panthéon, ce temple républicain qui proclame sur son fronton «Aux grands hommes, la patrie reconnaissante».

Robert Badinter était bien «un grand homme», a acquiescé dès vendredi le président. Mais, «ces choses-là prennent du temps», a-t-il souligné.

La présidence, en concertation avec la famille, a choisi un lieu symbolique pour saluer la mémoire de Robert Badinter lors d’une cérémonie ouverte au public: la place Vendôme, devant le ministère de la Justice.

C’est là que Robert Badinter, ministre du président socialiste François Mitterrand, porta la loi du 9 octobre 1981 abolissant la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur du châtiment suprême.

Il s’investit par la suite pour l’abolition universelle de la peine capitale, un combat qu’Emmanuel Macron dit aujourd’hui vouloir perpétuer, en accueillant en 2026 en France le prochain congrès mondial de cette cause.

La classe politique lui a rendu un hommage presque unanime, marqué mardi par une minute de silence au Sénat puis à l’Assemblée nationale.

Polémique

Mais le rendez-vous solennel de mercredi aura lieu sur fond de polémique.

La philosophe Elisabeth Badinter, sa veuve, a en effet exprimé le souhait que les élus des partis d’extrême droite Rassemblement national (RN) et de gauche radicale La France insoumise (LFI) ne viennent pas à la cérémonie.

«On ne sera pas présents, la famille ne l’a pas souhaité. Je ne vais pas polémiquer», a aussitôt répondu Marine Le Pen, qui, à l’instar des autres dirigeants d’extrême droite, s’en était tenue au service minimum pour saluer cette figure longtemps honnie pour avoir aboli la peine de mort.

Réaction inverse pour LFI. «Un hommage national est un hommage national. Nous y sommes invités, et nous y serons représentés», a affirmé le groupe parlementaire qui dépêchera deux députés.

Le parti de la gauche radicale et son leader Jean-Luc Mélenchon n’avaient pas tari d’éloges sur Robert Badinter.

Pourfendeuse des extrêmes comme son mari, Elisabeth Badinter a toujours combattu l’extrême droite mais a aussi plus récemment dénoncé un certain «islamo-gauchisme» et a pointé la responsabilité «énorme» de LFI dans la montée de l’antisémitisme en France.

Robert Badinter, né à Paris le 30 mars 1928 dans une famille juive émigrée de Bessarabie (l’actuelle Moldavie), avait été témoin de l’arrestation de son père à Lyon (centre-est de la France) pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est mort en déportation en Pologne.

Son combat contre la peine de mort trouve son origine au matin du 28 novembre 1972: un de ses clients, Roger Bontems, complice d’une prise d’otages meurtrière, vient d’être guillotiné.

«Je me suis juré, en quittant la cour de la (prison de la) Santé ce matin-là à l’aube, que toute ma vie je combattrais la peine de mort», avait-il déclaré à l’AFP en 2021.

Vendredi, M. Macron avait salué un «avocat de caractère et de profession qui combattit sa vie durant pour les Lumières, pour la justice, pour la France». Il avait aussi rendu hommage à son travail en tant que président du Conseil constitutionnel (1986-1995), évoquant «un sage au-delà de ses fonctions».

(afp)

Ton opinion