JOURNALISTE AGRESSÉ À GENÈVELes gardes du corps du président camerounais condamnés
Le service de sécurité du président Paul Biya avait agressé un journaliste de la RTS, en 2019, à Genève.
La Chambre pénale d’appel et de révision de Genève a confirmé la culpabilité de six gardes du corps du président camerounais Paul Biya, accusés d’avoir agressé un journaliste en 2019 devant l’hôtel Intercontinental de Genève, indique l’agence de presse Keystone-ATS lundi.
L’information, révélée par le quotidien la Tribune de Genève, a été confirmée à l’agence par Robert Assaël, l’avocat de l’un des condamnés.
Ils n'avaient pas agi pour la sécurité de Paul Biya
Selon la Tribune, qui a pu consulter l’arrêt de la Chambre, «cinq prévenus sont reconnus coupables de contrainte et d’appropriation illégitime» et ont été condamnés à une amende avec sursis, tout comme un sixième qui est «uniquement condamné pour appropriation illégitime».
L’affaire a déjà été examinée par le Tribunal fédéral, devant laquelle les gardes du corps du président camerounais avaient argué de leur immunité. Les juges suprêmes avaient rejeté cette interprétation, estimant que les gardes du corps n’avaient pas agi pour la sécurité de Paul Biya lorsqu’ils avaient agressé un journaliste de la RTS devant l’hôtel Intercontinental de Genève.
Ce dernier, Adrien Krause, avait été attaqué le 26 juin 2019 alors qu’il couvrait un rassemblement d’opposants au régime de Paul Biya devant cet hôtel huppé où le président camerounais a ses habitudes. Les gardes du corps avaient agressé et immobilisé le journaliste, qui avait été légèrement blessé, et ils s’étaient emparés d’effets personnels, comme son téléphone.
«La liberté de la presse n’est pas en cause»
Le ministère suisse des Affaires étrangères avait convoqué dans la foulée l’ambassadeur camerounais à Berne pour lui expliquer «que de tels incidents étaient inacceptables et que la liberté de la presse est protégée et devait être respectée».
Le garde du corps que défend Assaël continue d’affirmer avoir agi ce jour-là dans l’exercice de sa fonction et pour la sécurité du président camerounais.
«Les agents étaient sur le qui-vive, d’autant que quelques semaines avant, à Genève, une manifestation non autorisée avait viré à l’émeute avec deux blessés et que deux jours avant, des activistes avaient saccagé les ambassades camerounaises en France et en Allemagne. La liberté de la presse n’est pas en cause», a expliqué l’avocat à Keystone-ATS. «Nous examinerons l’opportunité de saisir le Tribunal fédéral», a-t-il ajouté.