ClimatLe Léman se réchauffe beaucoup trop vite
Record de chaleur, brassage hivernal incomplet et niveau de phosphore élevé rendent l'état de santé du lac préoccupant.
- par
- Michel Pralong
Le rapport scientifique 2023 de la commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL) indique une augmentation préoccupante des températures des eaux du Léman. 2022, année record de chaleur depuis 1900, est caractérisée par une faible pluviométrie et un fort rayonnement solaire.
Cette année-là, la température de la couche de surface (0-10 m) a constamment dépassé les normes mensuelles (moyenne 1991- 2020). Elle a été de 13,62 degrés de moyenne, soit 1,2 degré de plus que la moyenne des 30 dernières années, précise la RTS. Le Léman se réchauffe de 0,46 degré par décennie, contre 0,1 pour les océans. Soit quatre fois plus vite.
Au fond du lac également, la température ne cesse d'augmenter depuis 2012, année du dernier brassage complet des eaux. La réoxygénation des couches profondes est entravée par l’absence de ce brassage complet et la concentration en phosphore se maintient légèrement au-dessus de l’objectif souhaité par la CIPEL pour garantir la pérennité d’une eau de qualité pour le Léman (10-15 µg/L). Si le phosphore remonte, cela peut entraîner une prolifération d'algues.
Trop chaud pour les poissons
La biomasse du zooplancton a augmenté après plusieurs années de déclin. La modification dans les dates de reproduction du corégone et de la perche, influencée par les températures élevées de l'eau, est révélateur des défis auxquels la faune lacustre est confrontée. Un pêcheur témoigne à la RTS que les 7,8 degrés mesurés dans l'eau en janvier sont trop chauds pour les poissons, notamment la féra, qui a besoin de 6 degrés pour se reproduire. Quant à la moule quagga, elle prolifère,
La quantité de certains pesticides reste également préoccupante. Malgré l'interdiction de l'atrazine, sa présence persiste.
Pour Nicole Gallina, secrétaire générale de la CIPEL interrogée dans «La Matinale», il ne faut pas se soucier que de la quantité d'eau, ce qui est certes important, mais aussi de sa qualité, ce qui est primordial. «Si la qualité de l'eau se détériore, les conséquences seront très très graves ».