Une obscure affaire de «sextape» sème la confusion au Sénat français

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FranceUne obscure affaire de «sextape» sème la confusion au Sénat français

Gérard Larcher, président de la chambre haute, a choisi de saisir la justice vendredi

Pour le président du Sénat Gérard Larcher (à droite), il «appartient désormais à la justice de se saisir des faits en cause».

Pour le président du Sénat Gérard Larcher (à droite), il «appartient désormais à la justice de se saisir des faits en cause».

AFP

Une mystérieuse «sextape» impliquant «un sénateur», des accusations de chantage, un médecin qui conteste son licenciement et «l’opacité» du Sénat pointée du doigt: Gérard Larcher, président de la chambre haute, a saisi la justice vendredi, après la publication d’un article du «Canard enchaîné».

Au Palais du Luxembourg, elle est sur toutes les lèvres depuis mardi après-midi: la publication d’un article du «Canard enchaîné» intitulé «La sextape qui affole le Sénat» a pris de court plus d’un parlementaire et les plus hautes arcanes étaient jusque-là restées muettes.

Dossier relancé

Mais la journée de vendredi a relancé le dossier. Peu avant 9H30, les 348 sénateurs reçoivent dans leur boîte mail un courrier du médecin du Sénat.

Trois pages dans lesquelles ce praticien, employé depuis cinq ans, conteste son licenciement à compter du 15 février, multipliant les accusations envers la «Haute administration» du Sénat qu’il accuse d’une «cabale» à son encontre.

Trois pages dans lesquelles il évoque aussi le cas d’une assistante médicale, recrutée selon lui «sur la base de faux diplômes». Celle-ci détiendrait «des éléments compromettants de son amant», présenté comme «une autorité du Sénat», afin de «conserver un levier de pression en cas de difficultés éventuelles».

Transparence demandée

Dans l’après-midi, après avoir pris connaissance de ce courrier, le président du groupe écologiste Guillaume Gontard écrit au président Gérard Larcher et lui demande que «toute la transparence soit faite sur cette affaire»: il plaide pour une saisine de la justice ainsi que du comité de déontologie du Sénat.

«Trop souvent, l’opacité qui règne sur la gestion des affaires internes du Sénat, loin de protéger l’image de l’Institution, lui nuit», écrit le sénateur écolo, pour qui le Sénat «ne peut se soustraire davantage à l’exigence démocratique de transparence et d’exemplarité».

La justice actionnée

Quelques minutes plus tard, le cabinet de Gérard Larcher fait savoir que ce dernier a décidé de «procéder à un signalement auprès du procureur de la République», considérant qu’il «appartient désormais à la justice de se saisir des faits en cause».

Qu’en est-il réellement ? Dans son article, le «Canard enchaîné» évoque «une sextape» impliquant «un sénateur», devenue «un moyen de pression» pour une assistante médicale qui aurait par exemple, toujours selon l’hebdomadaire, vu son salaire «vite augmenté de 45%.»

La question du licenciement du médecin

Dans son courrier aux sénateurs, le médecin fait clairement le lien entre son licenciement et cette vidéo compromettante, qu’il dit avoir signalée à la direction: «J’avais compris qu’en rapportant et signalant cette information, mon sort était scellé», écrit-il.

Dans les hautes sphères du Palais du Luxembourg, on balaye ces affirmations: «Le licenciement du médecin du Sénat est totalement dépourvu de lien avec les enregistrements mentionnés dans l’article du Canard enchaîné», glisse à l’AFP une source haut-placée.

Selon la même source, le licenciement est justifié par la découverte d’une «activité professionnelle (exercée) en parallèle de ses fonctions» par le médecin du Sénat, activité qui «a compromis gravement le bon fonctionnement du cabinet médical et de l’équipe administrative».

Une enquête interne avait été conduite ces dernières semaines après des signalements de ce médecin sur les difficultés de fonctionnement du cabinet médical.

Qualification pénale

La même source ajoute néanmoins que «la réalisation et la diffusion des enregistrements vidéo que le médecin a indiqué avoir en sa possession sont susceptibles de recevoir une qualification pénale», d’où la saisine de la justice par le président Larcher au titre de l’article 40 du code de procédure pénale.

Revenu sur le devant de la scène ces dernières années avec plusieurs commissions d’enquête parlementaires fracassantes (Benalla, fonds Marianne...) et un rôle-clé dans certaines réformes (immigration, retraites), le Sénat doit aussi gérer les répercussions ces derniers mois d’une autre affaire.

En novembre, le sénateur de Loire-Atlantique Joël Guerriau a été mis en examen pour avoir drogué une députée en vue d’une éventuelle agression sexuelle. Suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire des Indépendants, il n’a pas été vu depuis au Sénat. Plusieurs sources parlementaires ont indiqué à l’AFP qu’il était en arrêt maladie.

Selon le Canard enchaîné, son certificat lui a d’ailleurs été attribué précisément par le médecin actuellement au cœur de cette nouvelle affaire…

(afp)

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