La Pologne tire à boulets rouges sur les déclarations de Poutine

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Europe de l'EstLa Pologne tire à boulets rouges sur les déclarations de Poutine

«Ces propos n’ont aucune crédibilité», «divagations historico-littéraires», «Poutine radote»... Les réactions de Varsovie ne sont pas tendres.

L'interview de Vladimir Poutine par l'animateur américain Tucker Carlson, vu sur l'écran d'un ordinateur portable.

L'interview de Vladimir Poutine par l'animateur américain Tucker Carlson, vu sur l'écran d'un ordinateur portable.

IMAGO/SNA

Les déclarations du président russe Vladimir Poutine, qui a écarté l’idée d’envahir la Pologne ou la Lettonie lors d’un entretien avec l’animateur américain Tucker Carlson, «n’ont aucune crédibilité» et ne vont pas «endormir la vigilance» de Varsovie, a déclaré vendredi le vice-Premier ministre polonais.

M. Wladyslaw Kosiniak-Kamysz a réagi à cette interview, diffusée la veille, où M. Poutine a soutenu n’avoir «pas d’intérêts en Pologne, en Lettonie ou ailleurs».

«Pourquoi ferions-nous cela?»

«Pourquoi ferions-nous cela? Nous n’avons tout simplement aucun intérêt», a répondu le président russe à la question: «Pouvez-vous imaginer un scénario dans lequel vous envoyez des troupes russes en Pologne?».

Selon M. Kosiniak-Kamysz, responsable de la Défense nationale polonaise, «ces propos n’ont aucune crédibilité. La Pologne a des tâches à accomplir en tant qu’État membre de l’Otan et de l’Union européenne. La Pologne et ses autorités ont avant tout des engagements envers ses citoyens».

«Faisons notre travail»

«Faisons notre travail, préparons-nous à différentes situations, rien ne peut endormir notre vigilance et des mots comme ceux-là n’y contribuent certainement pas, bien au contraire», a insisté M. Kosiniak-Kamysz, devant la presse à Varsovie.

La Pologne, pays frontalier de l’Ukraine envahie il y a près de deux ans par la Russie, a lancé depuis un coûteux programme de renforcement de ses capacités de défense, y consacrant jusqu’à 4% de son Produit intérieur brut (PIB).

«Divagations historico-littéraires»»

De son côté, le président du parlement polonais Szymon Holownia a dénoncé vendredi «les divagations historico-littéraires» de Vladimir Poutine sur l’histoire de la Pologne, de l’Ukraine et de l’Allemagne.

En répondant à sa propre question «Pourquoi la guerre a-t-elle commencé avec la Pologne le 1er septembre 1939?», le président russe a maintenu que puisque la Pologne «était intraitable», le dictateur nazi Adolf Hitler «ne pouvait donc que commencer par la Pologne pour exécuter ses plans».

«Vieilles paranoïas de Poutine»

Rejeter sur la Pologne la responsabilité du déclenchement de la Seconde guerre mondiale est l’une «des vieilles paranoïas de Poutine», a déclaré à l’AFP le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Pawel Wronski.

«Poutine radote, dans cette interview», a estimé de son côté M. Holownia devant la presse.

«M. Carlson a joué le rôle d’un idiot utile»

Selon lui, «Poutine est un danger mortel pour les États baltes (...) pour la Pologne, pour l’Europe et pour la liberté», alors que «M. Carlson a joué (dans cette interview, ndlr) le rôle d’un idiot utile (...) tendant le micro à un menteur, à un meurtrier, à un terroriste international», a affirmé le président du parlement polonais.

Les médias d’Etat russes ont abondamment couvert la visite du présentateur conservateur américain Tucker Carlson, ex-animateur vedette de Fox News, venu à Moscou interviewer longuement Vladimir Poutine, publiant notamment des photos de lui à l’aéroport et au célèbre théâtre du Bolchoï.

(afp)

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