FranceBayrou met dans l'embarras la majorité mais aussi son parti
Le chef du Modem a refusé d'intégrer le gouvernement qu'il a critiqué, sans aucune concertation avec les siens.
En refusant avec fracas d’entrer au gouvernement, le président du MoDem François Bayrou, qui a assuré jeudi vouloir stopper «une dérive», a ouvert une crise dans la majorité, mais aussi au sein de son parti.
Le député Jean-Louis Bourlanges, une des principales figures du MoDem, a ainsi accusé jeudi matin François Bayrou d'«affaiblir dangereusement»» la majorité tout en «discréditant» son parti.
«Le MoDem est en pleine incohérence. François Bayrou a décidé sans aucune concertation d’afficher un désaccord de fond avec la majorité présidentielle tout en recommandant aux députés de rester à bord et de participer au gouvernement», a critiqué le président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée dans un communiqué sur X.
Il s'est fait remonter les bretelles
Lors d’un dîner avec les députés Modem mercredi soir après l’annonce de son refus d’entrer au gouvernement, «Bayrou s’est un peu fait remonter les bretelles par certains de ses plus vieux amis» qui lui ont reproché «de ne pas nous en avoir parlé», a reconnu le député Jimmy Pahun auprès de l’AFP. «On pense aussi à nos ministres un peu en danger», a-t-il ajouté.
En sus du ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, le Modem comptait trois autres membres dans le gouvernement Borne: Jean-Noël Barrot (Numérique), Sarah El Haïry (Biodiversité) et Philippe Vigier (Outremer). Les deux premiers souhaitent être repris lors de la deuxième vague de nominations.
«Un moment d'affirmation»
Cependant, Jimmy Pahun assure que «ce n’est pas une crise» mais «un moment d’affirmation». «Nous avons envie de nous faire un peu mieux entendre sur des sujets comme la simplification, les relations Paris-province», a-t-il dit.
Sur Franceinfo jeudi, François Bayrou a tenté de faire comprendre sa décision. «Nous sommes membre à part entière de la majorité», a déclaré l’allié historique d’Emmanuel Macron, mais «pour reconstruire le pays» qui «a besoin de plus de compréhension politique de ce qui se passe à la base et de moins de technocratie gestionnaire».
Il critiquait juste la politique éducative
Interrogé sur l’argument d’une absence d’«accord profond» qu’il a avancé mercredi auprès de l’AFP pour justifier son refus de participer au gouvernement Attal, François Bayrou a insisté sur le fait qu’il parlait «de la politique éducative». Se disant en désaccord avec «la musique de fond» selon laquelle «les enseignants ne travaillent pas assez», il a dit que l’Éducation nationale ne pouvait pas «se redresser dans un climat gestionnaire».
Son désaccord vaut-il pour l’ensemble de la politique menée ? «J’espère que non», a tranché le maire de Pau, tout en étant très critique sur un exécutif qui ne comprend «aucun ministre du sud de la Loire» et dont il dénonce «une dérive» par rapport à l’objectif de 2017 «de gouverner autrement». «Le moment est venu de remettre les choses à l’endroit, de rappeler pourquoi nous sommes là», a-t-il insisté.
«Mon soutien ne se marchande pas»
«Mon soutien ne se marchande pas à condition que soit entendue l’inquiétude qu’un très grand nombre de Français ressentent, qui se traduit dans tous les sondages», a encore expliqué François Bayrou qui a laissé entendre qu’il serait à nouveau candidat à la présidentielle.
«Je n’ai jamais renoncé à aucun des devoirs qui sont les miens», a-t-il ajouté, jugeant que «l’enjeu de 2027, c’est précisément qu’on arrive à réconcilier la France qui se bat en bas avec la France qui décide en haut».