FranceRemaniement: Bayrou n'entrera pas au gouvernement
«Sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d’entrer au gouvernement», a confié le président du MoDem. La nouvelle équipe devrait être annoncée ce jeudi.
En excluant de revenir au gouvernement, François Bayrou a enlevé une inconnue de poids à l’équation du remaniement, dont le dénouement est désormais attendu ce jeudi. Mais en insistant sur ses divergences politiques, il ouvre de nouvelles incertitudes sur les équilibres de ce casting si complexe.
«Sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d’entrer au gouvernement», a confié mercredi soir le président du MoDem à l’AFP, achevant 48 heures de feuilleton sur un possible retour au gouvernement du principal allié d’Emmanuel Macron.
D’un côté, la fin de cette hypothèse, qui compliquait considérablement la donne, dégage la voie pour une annonce du reste du gouvernement de Gabriel Attal, sans cesse reportée ces derniers jours.
«On espère jeudi!», dit-on désormais dans l’entourage du chef de l’État. Même son de cloche du côté de Matignon.
Depuis sa relaxe lundi dans l’affaire des assistants parlementaires du Modem, le nom de François Bayrou circulait avec insistance pour l’Education nationale, où Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans une série de polémiques, a fait une entrée ratée.
Mais son arrivée impliquait aussi un rééquilibrage du pack resserré de 15 ministres annoncé le 11 janvier et qui doit encore être complété par une quinzaine de ministres délégués et secrétaires d’Etat (logement, transports, santé, Outre-mer...), très attendus par les secteurs concernés.
Des différences rédhibitoires
Pressé de prendre sa revanche après sept ans de banc de touche gouvernemental pour cause d’ennuis judiciaires, François Bayrou promettait d’être un «poids-lourd» encombrant pour Gabriel Attal, dont il a publiquement mis en doute «l’expérience» lors de sa nomination à Matignon.
Au final, il s’est vu proposer le ministère des Armées, pas assez politique à son goût. Lui se voyait à l’Education nationale ou à la Réforme de l’Etat, deux domaines prioritaires de l’action gouvernementale, mais pour lesquels il a constaté «une différence d’approche sur la méthode à suivre» qui lui a paru «rédhibitoire», a-t-il expliqué à l’AFP.
La prudence reste donc de mise après ce nouveau rebondissement déflagratoire. A quel point remet-il en cause l’alliance entre le MoDem, fort d’une cinquantaine de députés, et Emmanuel Macron? M. Bayrou, qui réunissait ses troupes mercredi soir au ministère de l’Agriculture de son lieutenant Marc Fesneau, a-t-il leur entière adhésion?
Sollicité par l’AFP, Matignon n’a pas souhaité faire de commentaire sur l’épisode. L’entourage du président n’a pas non plus immédiatement réagi.
«Une majorité de plus en plus relative...! Bienvenue au MoDem dans l’opposition», a ironisé le président du groupe socialiste Boris Vallaud sur le réseau social X, après l’épilogue Bayrou.
«Du coup, si Bayrou veut être cohérent, l’ensemble des ministres Modem doivent quitter le gouvernement», a pour sa part estimé le député LR Pierre-Henri Dumont.
Belloubet pressentie
Selon plusieurs sources au sein du camp présidentiel, une seule certitude semble pour l’heure se dégager, à l’heure des annonces : après l’avoir longtemps soutenue, Emmanuel Macron se serait résolu à écarter Amélie Oudéa-Castéra du ministère de l’Education nationale.
«Le seul critère qui compte, c’est la capacité à agir et faire avancer les choses», glisse un conseiller de l’exécutif, alors que «AOC» est empêtrée dans les polémiques nées de ses critiques contre l’école publique pour justifier la scolarisation de ses enfants dans le privé.
Elle pourrait être rétrogradée pour ne garder qu’une partie de ses attributions, notamment les Jeux olympiques.
Pour lui succéder, émergeait mercredi soir le nom de Nicole Belloubet, Garde des Sceaux de 2017 à 2020, durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Outre son expérience gouvernementale, Mme Belloubet, âgée de 68 ans et issue du PS, fut notamment rectrice des académies de Limoges et Toulouse, entre 1997 et 2005, avant de démissionner en dénonçant les suppressions de postes d’alors.
Englué dans le casse-tête de cette liste additionnelle, qui doit respecter équilibres politiques et parité hommes-femmes, Gabriel Attal se déplacera jeudi à la mi-journée dans le Pas-de-Calais auprès des victimes des inondations, à qui il avait réservé son premier déplacement et promis de revenir.
Le Premier ministre y sera accompagné du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, notamment pour «exprimer son soutien aux élus, habitants et commerçants touchés» et «saluer l’action» des secours et des élus