HumeurAnciens conseillers fédéraux: servir... et s'incruster
La campagne des conseillers fédéraux à la retraite. Ou l'ingérence de gens fortunés.
- par
- Eric Felley
Servir et disparaître. Telle fut un jour la devise des conseillers fédéraux à la retraite. Ce n'est plus le cas depuis des années, avec les prises de position plus ou moins régulières de Micheline Calmy-Rey sur la RTS, Pascal Couchepin dans «Le Nouvelliste», parfois Ruth Dreifuss ici et là. Ueli Maurer, lui, s'est illustré ces dernières semaines pour régler ses comptes avec la gestion du Covid-19 par le Conseil fédéral.
Cette présence sur la scène politique des «anciens» est plus ou moins appréciée par chacun, en fonction de ses propres opinions. Généralement, nous ne sommes guère surpris par leurs positions conformes à la ligne de leurs partis. Qu'ils soient retraités de la politique n'implique pas qu'ils soient en retrait du débat d'idées, qui est leur droit le plus strict à titre individuel.
En revanche, quand il s'agit de participer à une opération de campagne, sous la direction d'Economiesuisse, contre une initiative, c'est nettement plus discutable. Les anciens conseillers fédéraux passent d'observateurs de la vie politique à acteurs. Alors qu'on leur concède une certaine hauteur de vue, ils redeviennent des militants comme les autres.
Un autre Conseil fédéral est en place
Les pieds bien au chaud, avec une retraite d'environ 20'000 francs par mois, ils n'ont pas besoin d'une 13ᵉ rente. S'ils touchent cet argent, c'est bien parce qu'ils sont à la retraite, au sens strict du terme. Ils ont fait leur temps. Un autre Conseil fédéral est en place, qui a pris position contre l'initiative, et dont la ministre Elisabeth Baume-Schneider assume parfaitement sa fonction. Enfin, c'est l'ampleur de l'engagement qui interpelle. Les trois conseillers fédéraux alémaniques sont signataires de quelque 700'000 lettres personnalisées: c'est de l'ordre d'une campagne industrielle, avec un coût pas loin du million de francs!
Ce dérapage illustre à quel point le camp bourgeois craint de perdre cette votation. Mais tout n'est pas bon pour influencer l'opinion. Certains, qui pensaient voter oui, vont peut-être changer d'avis en lisant la lettre alarmante d'Adlfo Ogi, Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann. Mais à l'inverse, cette mobilisation, perçue comme l'ingérence de gens fortunés et déconnectés, pourrait profiter globalement au camp du oui. Réponse le 3 mars.