Il bat son frère de 9 ans à mort puis clame son innocence

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Procès en FranceIl bat son frère de 9 ans à mort puis clame son innocence

Parce qu'il n'avait pas fait ses leçons, l'aîné de 26 ans l'a frappé des heures, «mais sans vouloir le tuer».

L?enfant a éét battu à coups de ceinture et de manche à balai. Image d'illustration.

L?enfant a éét battu à coups de ceinture et de manche à balai. Image d'illustration.

Getty Images/iStockphoto

Seal-Evan, 9 ans, avait supplié son frère d’arrêter de le battre: l’homme de 26 ans, jugé mercredi en appel à Besançon, s’était acharné sur l’enfant, mort en 2018 à Mulhouse des suites de plusieurs heures de violences, pour le «punir» de ne pas faire ses devoirs.

Barbe fournie, Dylan Owana Bodo semble particulièrement agacé de se retrouver dans le box des accusés aux premiers moments de ce procès devant la cour d’assises d’appel du Doubs, mâchant un chewing-gum, soupirant à plusieurs reprises et interpellant les personnes auditionnées.

«Je suis innocent», lance-t-il à la cour, sûr de lui, pour justifier d’avoir fait appel de sa condamnation en première instance à une peine de 15 ans de réclusion criminelle prononcée par la cour d’assises du Haut-Rhin en février 2023.

Jugé pour «violences volontaires sur mineur de moins de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner», il reconnaît avoir commis des violences sur son petit frère, mais estime qu’elles ne sont pas responsables du décès de cet enfant joyeux et enthousiaste qui s’illustrait sur les terrains de football.

Autopsie pas concluante

L’autopsie du corps de la victime n’a pas pu déterminer les causes précises du décès, mais les experts estiment qu’il résulte des conséquences «de plusieurs heures de violences». L’enfant a notamment été asphyxié par l’inhalation de son contenu gastrique, alors qu’il était inconscient.

Au cours de l’enquête, l’accusé, qui a lui-même grandi dans un climat de violences où la correction physique était la norme, «n’a cessé de dire qu’il voulait le punir et pas le tuer», selon une enquêtrice. Le 16 septembre 2018, dans l’appartement de la famille à Mulhouse, le frère aîné appelle sa mère, partie à Paris, pour lui dire que Seal-Evan n’a pas fait ses devoirs. Elle lui intime de «gérer le truc» et de «fesser» son frère.

Les coups de ceinture, réservés dans la famille aux «grosses bêtises», pleuvent. Le manche à balai se brise en trois morceaux sur son corps. «Je ne veux pas mourir», implore l’enfant sous les coups, suppliant son frère d’arrêter. Sa grande sœur le frappe aussi. Son autre frère de 11 ans et la compagne de l’aîné, enceinte de sept mois, assistent aux faits.

La scène est filmée par la soeur

La séance de correction, en partie filmée par la soeur, dure de la fin d’après-midi à minuit, avant que Seal-Evan ne perde connaissance. Prévenue, la mère demande à un ancien compagnon, seule figure paternelle de la fratrie, de venir au domicile. Il constate, effondré, que l’enfant est inconscient. Il fait prévenir les secours et tente de réanimer le garçon, en vain : «Seigneur, seigneur, ramène-le moi. Evan, reste avec nous», répète-t-il en boucle sur l’enregistrement du Samu.

Un «pacte fraternel», pensé par la sœur, est alors scellé pour cacher les violences précédent la mort du petit frère. La fratrie prétend qu’il a fait un malaise quand il était allongé dans son lit. Mais l’enquête de police, les marques de coups et le témoignage de son frère de 11 ans, avec qui Seal-Evan était très lié et lui aussi victime de violences, permettent aux enquêteurs de retracer le fil de la soirée.

Une fratrie livrée à elle-même

Lors de leur procès en première instance, Dylan Owana Bodo et sa sœur de 25 ans ont été condamnés respectivement à 15 ans et 6 ans de prison pour «violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Seul le frère aîné a fait appel de la décision.

La mère de cette fratrie livrée à elle-même, tout le temps absente et qui «voyageait beaucoup car elle voulait sortir un album» de chansons, selon son frère, a été condamnée à quatre ans de prison pour «complicité de violences volontaires». Enfin, l’ex-petite amie de l’accusé avait reçu une peine de trois ans de prison avec sursis pour «non-empêchement d’un crime». Le verdict de la cour d’assises du Doubs est attendu vendredi.

(afp)

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