FranceDescente de police dans les milieux de l'ultradroite lyonnaise
Huit hommes suspectés d’avoir participé à l'attaque d'une conférence pro-palestinienne ont été arrêtés.
Huit hommes suspectés d’avoir participé à une attaque de l’ultradroite visant une conférence pro-palestinienne, en novembre dans un local associatif du Vieux Lyon, ont été arrêtés et placés en garde à vue, a-t-on appris mercredi de sources policières et judiciaire.
Les interpellations sont intervenues mardi, le même jour que la condamnation en comparution immédiate de l’ex-porte-parole du groupuscule identitaire Les Remparts, Sishina Milinov, et d’un comparse pour une agression raciste perpétrée la semaine dernière à la sortie d’un bar au centre de Lyon.
Le coup de filet a été fait sur demande d’un juge d’instruction par des agents de la police judiciaire et de l’antiterrorisme, selon une des sources. Les gardes à vue pourraient donc durer 96 heures.
Attaque au mortier et barres de fer
Le soir du 11 novembre, alors qu’un médecin humanitaire connu pour ses missions à Gaza animait une conférence devant une centaine d’auditeurs, un groupe réunissant des dizaines de personnes vêtues de noir, visages en partie masqué, avait tenté de forcer l’entrée à coups de mortiers d’artifice et de barres de fer, selon plusieurs témoins. L’attaque avait fait sept blessés.
Un homme proche «de la mouvance ultradroite» avait été interpellé à proximité le soir même, en possession d’une batte de baseball, d’un poing américain et d’un protège-dents, selon le parquet de Lyon. Il a été mis en examen dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour violences aggravées et dégradations en réunion.
L’attaque avait été revendiquée sur une boucle Telegram par le «Guignol Squad», groupe informel coutumier des actions violentes à Lyon. Elle avait relancé les appels à dissoudre les groupuscules d’ultradroite actifs à Lyon, dont Les Remparts, bâti sur les cendres de Génération identitaire dissous en 2021.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait assuré à l’époque que «d’importants moyens étaient mobilisés pour interpeller les auteurs» de ce coup de force.
Selon l’ultragauche, un des leaders locaux du syndicat étudiant d’extrême droite «La Cocarde» fait partie du groupe interpellé mardi, une information qu’il n’a pas été possible de confirmer.
Menace pour la sécurité publique
Éric Carpano, le président de l’Université Jean Moulin Lyon 3, a fait état dans un communiqué de la «vague d’interpellations intervenue hier parmi les mouvements identitaires» en demandant «la dissolution de tous les groupements d’ultradroite qui menacent gravement l’ordre républicain et la sécurité publique dans les universités».
L’université a pris depuis 2021 des mesures disciplinaires contre «plusieurs étudiants issus de ces mouvances» et fait «plusieurs signalements» à la justice et à la police pour des intrusions, intimidation ou menaces, assure son communiqué. «L’université ne peut lutter seule contre de telles dérives et l’État doit prendre ses responsabilités».
Réaction à la mort du jeune Thomas
L’ultradroite, mais aussi l’extrême droite et la droite parlementaire, s’étaient emparées de l’émoi suscité par le décès du jeune Thomas à Crépol, 16 ans ,à la sortie d’un bal de village, pour rebondir sur le thème de l’insécurité et des dangers de l’immigration. Les Remparts avaient à l’époque appelé les «patriotes» à se mobiliser, avec notamment deux manifestations à Lyon.
Mardi, neufs suspects accusés d’avoir participé à des rassemblements organisés par l’ultradroite fin novembre à Romans-sur-Isère ont comparu devant le tribunal correctionnel de Valence. Jusqu’à dix mois de prison ferme ont été requis contre sept d’entre eux, interpellés après un défilé nocturne réunissant une centaine de militants cagoulés et armés.
Six manifestants âgés de 18 à 25 ans ont déjà été condamnés à des peines de six à 10 mois de prison ferme pour ce défilé qui avait dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre.
A Lille, l’association d’ultradroite La Citadelle, qui s’était vu interdire l’organisation d’une soirée intitulée «Qu’ils retournent en Afrique» en février 2023, a été dissoute mercredi en Conseil des ministres.