Attaque à la gare de Lyon: «Il ne voulait pas lâcher le couteau»

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FranceAttaque à la gare de Lyon: «Il ne voulait pas lâcher le couteau»

Le courageux quadragénaire qui a réussi à stopper l'assaillant a livré son témoignage.

La police et les experts scientifiques après l'attaque de samedi matin à la gare de Lyon, à Paris.

La police et les experts scientifiques après l'attaque de samedi matin à la gare de Lyon, à Paris.

AFP

L’homme armé d’un couteau et d’un marteau qui a attaqué des passants samedi matin à la gare de Lyon, à Paris, était ce lundi toujours en garde à vue. Alors qu’il venait de blesser trois personnes, dont un sexagénaire grièvement, un agent de sécurité est intervenu et a réussi à le maîtriser. Ce dernier a livré son témoignage.

Abderahmane Cissé, 45 ans, raconte qu’il faisait sa ronde lorsqu’il a entendu des cris. «Je vois d'abord un monsieur avec un couteau à la main. Un peu plus loin, il y a une personne qui est à terre. Elle est en sang, elle se tient l'abdomen», explique-t-il dans «Le Parisien».

Le quadragénaire a une vingtaine d’années d’expérience dans la sécurité, pratique des sports de combat et possède un gabarit impressionnant: 110 kilos. Reste que l’assaillant est armé, et pas lui. Il n’hésite cependant pas.

«Je ne réfléchis pas du tout. Ma priorité, c'est d'y aller et de le désarmer», raconte-t-il dans le quotidien français. Il se jette sur l’assaillant et parvient à le faire tomber. Mais l'agresseur ne «voulait pas lâcher le couteau», explique-t-il.

«Il a toujours le couteau à la main. Alors, j'essaye de lui tordre le poignet. Mais il ne lâche pas l’arme. Il essaye même encore de porter des coups. C’est alors que j’entends la lame tomber. Un autre monsieur, plus âgé, l’écarte aussitôt. Pendant ce temps, j’attrape les bras de l’homme et je me mets sur lui en appelant les renforts», détaille Abderahmane Cissé. Grâce à lui, l’assaillant a ensuite été arrêté.

Motivations floues

Les jours du sexagénaire agressé étaient toujours en danger dimanche. Il a été frappé d’un coup de couteau à l’abdomen et de deux coups de marteau à la tête. Les deux autres blessés ont été moins sévèrement touchés.

La garde à vue de l’assaillant, 32 ans, avait repris dimanche après une interruption en raison de son état psychiatrique, le flou demeurant sur ses motivations.

La garde à vue avait été interrompue samedi soir, car l’examen de comportement de cet homme avait révélé «un état psychiatrique incompatible avec la mesure de contrainte».

L’assaillant, de nationalité malienne, était «en situation régulière en Italie depuis 2016, avec un titre émis en 2019 tout à fait valable», selon les documents trouvés en sa possession, a indiqué le préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Ce titre lui permettait de voyager en France en toute légalité. Il était jusque-là inconnu des services de police français comme italiens, selon une source policière.

L’assaillant «souffre de troubles psychiatriques», avait précisé samedi matin le préfet Nuñez et «des médicaments» ont été retrouvés sur lui.

«Je déteste tous les Français»

Les enquêteurs travaillent par ailleurs sur un compte TikTok ouvert à son nom, sur lequel on voit un homme noir à lunettes, barbu, cheveux ras.

Sur l’une des vidéos, datée du 2 décembre 2023, l’auteur du compte écrit: «R.I.P. (repose en paix, NDLR) dans trois mois, qu’Allah m’accueille dans son paradis». Dans d’autres vidéos, il exprime notamment son ressentiment à l’égard de la France, faisant référence à l’intervention militaire française au Mali. «Je ne suis pas français, je ne rêve pas d’être français, je n’aime pas la France, je déteste tous les Français», dit-il face caméra.

L’enquête pour tentative d’assassinat a été confiée au 2e district de la police judiciaire parisienne. Sa garde à vue peut durer jusqu’à 48 heures et devrait donc s’achever au plus tard lundi soir ou mardi matin. Une décision devrait donc être prise sous peu sur les suites données à l’enquête.

(R.M./afp)

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